XXII Cérémonie Médaillés
La XXIIéme Cérémonie française des médaillés de Volchanka a eu lieu ce 14 septembre. L'empereur Napoléon s'est adressé à la nation en nous confiant une missive de son Haut Etat-Major.
"Le maréchal Labastide fit convoquer l'assistance des médaillés de cette glorieuse campagne de Volchanka au Quartier Général Français de Telo.
Son armée était sauvée malgré la victoire russe et celle-ci pouvait enfin battre retraite en ordre.
Labastide sortit un message écrit par l'Empereur et le lut à haute voix dans la fraîcheur des frimas de l'hiver arrivant à nouveau.
Officiers de notre grande Armée.
Quand on est témoin comme moi de tout ce qu’il y a de dévouement, d’abnégation et de patriotisme dans les rangs de l’armée, on déplore souvent que le gouvernement ait si peu de moyens de reconnaître de si grandes épreuves et de si grands services. L’admirable institution de la Légion d’honneur perdrait tout son prestige si elle n’était renfermée dans certaines limites. Cependant, combien de fois ai-je regretté de voir des soldats et des sous-officiers rentrés dans leurs foyers sans récompense, quoique, par la durée de leurs services, par des blessures, par des actions dignes d’éloges, ils eussent mérité un témoignage de satisfaction de la Patrie ! C’est pour le leur accorder que j’ai institué cette médaille. Elle pourra être donnée à ceux qui se seront rengagés après s’être bien conduits pendant le premier congé ; à ceux qui auront fait quatre campagnes, ou bien à ceux qui auront été blessés ou cités à l’ordre de l’armée. Elle leur assurera cent francs de rente viagère ; c’est peu certainement, mais ce qui est beaucoup, c’est le ruban que vous porterez sur la poitrine et qui dira à vos camarades, à vos familles, à vos concitoyens, que celui qui le porte est un brave. Cette médaille ne vous empêchera pas de prétendre à la croix de la Légion d’honneur, si vous en êtes jugés dignes ; au contraire, elle sera comme un premier degré pour l’obtenir, puisqu’elle vous signalera d’avance à l’attention de vos chefs. Vous ne cumulerez pas les deux traitements, mais vous pourrez porter les deux décorations ; de même, si un sous-officier, caporal ou soldat, auquel aurait été décernée la croix de la Légion d’honneur, vient à se signaler encore, il pourra également être décoré de la médaille. Soldats, cette distinction est bien peu de chose, je le répète, au prix des services immenses qu’ici vous rendez à la France ; mais recevez la comme un encouragement à maintenir intact cet esprit militaire qui vous honore ; portez la comme une preuve de ma sollicitude pour vos intérêts, de mon amour pour cette grande famille militaire dont je m’enorgueillis d’être le chef, parce que vous en êtes les glorieux enfants."
Légion d'honneur
- Général de Brigade Didier Lacoste (Mat. 17979) : Tombé au champ d'honneur.
- Général de Brigade Fredo (Mat. 16606) : Venu d'Espagne à la tête du 1er CA à permis de renverser le cours de la bataille de Volchanka alors que la Grande Armée était mal en point. Officier qui a été stratégiquement un rouage essentiel de par ses rapports rendus au HEMI. Presque intégralement car ce dernier n'a toujours pas les rapports de l'élimination des Romanovs Fedor, Michka...
Médaille de la Bravoure :
- Général de Brigade Briscard (Mat. 43286): a traversé l'Europe depuis l'Espagne avec ses braves, est un pilier de la Grande Armée au travers de son investissement dans de nombreuses tâches, souvent de l'ombre, mais qui sont cruciales et vitales. Cet officier de grande valeur pourrait sans nul doute rejoindre et égaler le Maréchal Berthier de par ses talents d'organisateur mais c'est aussi par le feu et le fer qu'il combat parmi ses frères d'armes.
- Général de Brigade Parachutiste (Mat. 8241) : Officier déterminant pour son impact à l'offensive, il a su démontrer que sa maitrise de la défense n'a rien à lui envier! Laissez lui des russes à abattre!
Médaille du Mérite :
- Colonel LATANIER (Mat. 53613): Officier de grande valeur au sein de son régiment et son investissement sans faille en fait un officier de grande valeur. Il a vite gravi les échelons de la hiérarchie militaire, et tout cela au mérite, en combattant toujours en première ligne.
- Général de brigade Apple (Mat. 6074) : Pour son efficacité remarquable dans la chasse aux cosaques infiltrés derrière nos lignes. Aussi discret qu'indispensable, le Général Apple est depuis toujours un des "piliers" du 30em Régiment d'Infanterie. Son exceptionnel dévouement n'a que très rarement été récompensé.
Médaille de la Nation :
- Major Capinghem (Mat. 53541) : Officier particulièrement fédérateur au sein des Grenadiers Réunis en particulier dans les moments les plus crispés. Toujours en tête des offensives principales de la Grande armée sabre au clair.
- Général de Brigade Saint Germain (Mat. 50315) : Pour son dévouement et faits d'armes au commandement en second des Grenadiers Réunis. Toujours de bon conseil pour ses camarades de front.
- Colonel Pelore (Mat.18897) : Pour sa bravoure et son action décisive durant le siège de la ville d'Ovrag. Depuis son arrivée au 30em RI, le Colonel Pelore a fait preuve d'un dévouement et d'un état d'esprit exceptionnel .Tout comme le chef de bataillon Rémi-Exelmans, l'officier Pelore n'a encore jamais été récompensé.
- Chef de bataillon Rémi-Exelmans (Mat.54584) : Pour son comportement exemplaire durant le siège de la ville d'Ovrag. Jeune officier particulièrement doué et motivé, le chef de bataillon Rémi-Exelmans n'a encore jamais été décoré.
Citations régimentaires ( lauriers ) :
- Lieutenant NASTIAL (mat 54821) : Le Lieutenant Nastial, fraîchement émoulu de notre vaillant corps de cadets, progresse au sein du 1er CA et face aux ennemis, auxquels il ne rechigne jamais à montrer son courage. Un officier prometteur, dont la Grande Armée et la Nation devraient être fières de le compter dans leurs rangs. Une première campagne qui devrait s'accompagner de nombreuses à venir.
- Colonel Flint (Mat. 49731) : les félicitations de la Garde Impériale
- Général de Brigade Albanum (Mat. 47372) : Les félicitations de la Garde Impériale
- Capitaine Raimu (Mat. 54100) : Très bon élément que se félicite d'avoir dans ses rangs les Grenadiers Réunis.
- Général de Brigade Malo (Mat. 43930) : Pour son investissement dans les lignes GR et sur les russes. Citation pour sa défense héroïque sur Malachite.
- Colonel Maransin Jean Pierre (Mat. 52403) : Pour sa régularité au front. Officier sur qui le régiment des Grenadiers Réunis peut compter.
- Général de Brigade MANOWAR (Mat. 26733) : une régulière activité aux avants postes au sein de son régiment GR qui ne peut qu'être félicitée.
- Colonel Latanier (Mat. 58613) : Pour son dévouement et son efficience au sein du Génie Impérial notamment par le sauvetage d'un fortin français pris aux russes.
Napoléon
GENDARMERIE IMPERIALE
Dimanche 15 septembre 1812
Les visages étaient pour beaucoup fermés, et les épaules semblaient lasses, chargées du poids du chagrin et de la fatigue de longs combats. Pour autant, les regards restaient clairs, droits, fiers. Mais ils étaient trop peu nombreux, ces regards : déjà trop des leurs étaient partis, requis dans l'Empire.
Le géant vêtu de sa tenue bleu sombre suivait les rangs au fut et à mesure qu'il les passait en revue, derrière le général Saunier : en l'absence des généraux de Villeneuve et Bailly, c'était lui, le plus ancien des derniers officiers commandants de la 35e Légion, à qui il revenait la triste charge de co-présider la cérémonie, aux côtés de l'officier général dépêché pour récupérer la garde du drapeau de la Légion, ce drapeau chargé de la Grenade d'élite et de la devise "Valeur et Discipline". De toute façon, il n'avait pas eu à se battre pour assumer cette mission : alors que s'était terminée la bataille de Volchanka, il ne restait que lui, le colonel Bouncer, et le colonel Loup Blanc dont une partie des troupes étaient déjà en partance vers leur nouvelle mission en Pologne. Jadis, les gendarmes étaient si nombreux, en comparaison...et encore, le géant lorrain n'avait-il pas connu le véritable âge d'or de la 35e Légion !
La dernière section de gendarmes dépassée, il continua à suivre le général, passant devant les carrés des délégations -des gendarmes qui n'étaient pas sur les rangs et des visiteurs d'autres unités de la Grande Armée venus assister à la cérémonie-, puis, enfin, devant les autorités conviées, qui faisaient face aux rangs : le général salua les invités -des invitations avaient été envoyées au Maréchal de la Grande Armée, au Major-général Nachoss, au chef d'état-major de Sarthe, et à tous les chefs de régiments de la Grande Armée, en plus des délégués du Cabinet impérial- ainsi que Bouncer et Loup Blanc -leurs adjoints respectifs étant à la tête des sections formées par leurs unités respectives-, Lupus toujours dans sa diagonale arrière droite, puis se retourna face aux troupes assemblées. A l'invite du général Saunier, qui lui avait réservé avec une certaine prévenance ce privilège, Lupus s'avança et passa devant lui. Sa voix rauque et profonde s'éleva :
"Repos ! ...Garde-à-vous !"
Officiers, sous-officiers, gendarmes de la 35e Légion de Gendarmerie impériale !
Ce jour, vous êtes assemblés pour une cérémonie qui, j'en suis sûr, n'était attendue par aucun de vous. Par ordre de Monsieur le Maréchal de Moncey, Inspecteur-général de la Gendarmerie, la 35e Légion est, ce jour, mise en sommeil. La garde du drapeau de la 35e Légion est remise à l'inspection générale, et les troupes de la 35e Légion sont réaffectées.
L'annonce officielle étant dite, le vieux colonel marqua une pause. Un silence de mort régnait parmi les troupes porteuses de la Grenade.
"Les troupes de notre Grand Prévôt et de notre Vice-prévôt sont déjà en route vers l'Empire, et certains d'entre vous y seront bientôt redirigés également. Je sais, car je le comprends et le vis, l'état d'esprit dans lequel vous êtes, camarades. Mais soyez certains d'une chose : si la 35e Légion est mise en sommeil, si certains d'entre nous quittent la Grande Armée et le front Est, ce n'est en aucun cas par faute ou manquement. Notre fierté et notre honneur sont intacts : de longue date, la 35e Légion a accompli avec succès ses missions, nombreuses, diversifiées et hautement techniques, qu'il s'agisse de nos combats contre l'ennemi, de nos opérations de renseignement, ou de nos missions de prévôté au sein de la Grande Armée. Vous avez, individuellement et collectivement, brillé tout au long de cette affectation, et écrit de glorieuses pages pour la Gendarmerie impériale.
En ce jour où nous rendons notre Drapeau, en ce jour où notre Légion s'endort, c'est avec d'autant plus d'acuité et de lucidité que nous nous remémorons nos réussites et nos exploits, publics comme discrets."
Une nouvelle pause. Le géant tenta, vainement, de déglutir : il avait la bouche sèche en cet automne russe.
"Ce n'est d'ailleurs pas la fin de notre mission ! La Gendarmerie impériale maintient au sein de la Grande Armée plusieurs de nos unités, quand bien même elles ne formeront plus un corps spécifique. En ma qualité de Juge Suprême de la Grande Armée, je continuerai d'ailleurs à recourir aux ardents efforts de tous ceux d'entre vous qui resteront. Et les combats futurs continueront à nécessiter ce courage et ce génie de troupe d'élite dont vous savez faire preuve. Que vous restiez dans l'Est ou que vous retourniez dans l'Empire, chacun d'entre vous, gendarmes, reste un fidèle serviteur de Sa Majesté Impériale et continuera à remplir son rôle, pour la bonne exécution des règlements militaires, le respect des lois, et le succès des armes de la France ! Repos !"
Le géant se tut. Puis, après quelques secondes qui lui parurent une éternité, il appela :
"Garde à vous Présentez...armes!
Le drapeau et sa garde!"
Le tambour roula, et le porte-drapeau, encadré des cinq hommes formant la garde, sortit de la ligne des troupes, porteur du drapeau de la 35e Légion. Ils s'avancèrent pour faire face à Lupus : une fois arrêtés, le géant salua longuement le drapeau du régiment, puis s'approcha. Lupus avait placé dans ce rôle un adjudant de l'état-major régimentaire : celui-ci lui présenta l'emblème national avec la plus stricte rigueur, parfaite incarnation d'un vieux sous-officier discipliné. Les doigts nus de Lupus frôlèrent les couleurs avant de saisir la hampe pour le prendre des mains de l'adjudant : le géant ignora volontairement l'étrange émotion qui lui sera soudain l'estomac, et, affermissant sa prise, se retourna avec le drapeau vers le général Saunier, et se mis en marche vers lui. Il s'arrêta à deux pas, et Saunier tendit les bras pour saisir à son tour le précieux fardeau :
"Mon Général, j'ai l'honneur de vous remettre le drapeau de la 35e Légion de Gendarmerie impériale !"
Le général de Gendarmerie hocha très légèrement la tête, et Lupus lâcha les couleurs, puis recula de trois pas et salua le général. Celui-ci resta un instant en place, laissant les gendarmes observer un dernier moment le symbole de la cérémonie ; puis il fit un signe de tête imperceptible, et son aide de camp vint lui prendre le drapeau et l'emmena hors de la place d'armes improvisée. Lupus retint un soupir, tandis que la garde au drapeau, dépourvu de l'objet de sa protection, regagnait les rangs. Puis il salua à nouveau le général Saunier, qui lui rendit le salut et au travers de lui à l'ensemble de la troupe. Le général fit demi-tour et gagna les rangs des invités et de Bouncer et Loup Blanc, qui furent tous conviés par quelques cadres gendarmes spécialement chargés de cette mission à quitter la cérémonie et à gagner un bâtiment proche, où boissons et nourriture étaient mises à leur disposition -incontournable rafraîchissement.
Le géant attendit que tous se furent éloignés, puis il exécuta un demi-tour et éleva à nouveau la voix :
"Reposez...armes ! Repos !
Messieurs les officiers, vous êtes conviés à rejoindre le rafraîchissement donné aux autorités et visiteurs. Messieurs les sous-officiers et gendarmes, sous réserve de vos ordres respectifs et vos contraintes de service, le mess de campagne vous accueillera pour ce soir pour un repas amélioré, sous la responsabilité de l'adjudant Duquesnes, major de camp, et de son équipe. Beaucoup d'entre vous seront sur la route dès tôt demain matin, alors autant que possible, je vous invite à profiter de cette soirée pour vous faire vos amitiés...
Pour ma part, ce fut un honneur de servir aux côtés de chacun de vous, honneur, j'en suis certain, partagés par les colonels Bouncer et Loup Blanc, et par chacun de nos camarades de Légion déjà partis. Encore une fois : soyez fiers de vos accomplissements, et continuez à honorer la Gendarmerie impériale par le service impeccable que vous avez sut rendre à l'Empire !
Garde à vous !"
Le géant attendit que son propre adjoint, le major Vosgiens, sorte des rangs et vienne se placer devant lui. Les deux hommes se saluèrent réglementairement, puis Lupus quitta à son tour le dispositif, tandis que son adjoint faisait rompre les rangs aux troupes.
De son pas allongé, le géant sombrement vêtu s'engagea dans le bâtiment où avait commencé le "pince-fesses" : il avait demandé au général Saunier de faire le discours de remerciements aux invités pour leur présence. Le ballet des uniformes dans le bâtiment éclairé l'aveugla un instant, lui qui était habitué plutôt à son sombre bureau faiblement éclairé ; puis il s'empara d'une coupe du champagne que le général Saunier avait amené avec lui. Un instant, Lupus se demanda si cette boisson, qu'au demeurant il n'appréciait guère, était une sorte de "compensation" envoyée par le Maréchal de Moncey...puis il chassa sa pensée : il fallait faire bonne figure et assurer les conversations avec les invités : pas la partie qu'il préférait depuis qu'il était devenu officier, des années plus tôt...
Lupus