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Xamarius (Mat. 54830)
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Sous-Lieutenant Marceau dit "Xamarius"

Message par Xamarius »

15 Septembre, Au crépuscule de la campagne de Volchanka, Marceau prend sa plume et griffonne rapidement ce qui suit.

L'été touchait à sa fin. Avec lui d'éparses détonations de poudre résonnaient au loin comme les derniers grondements d'une orage fuyant. Leurs émanations suffocantes s'élevant lentement vers les cieux semblaient signifier le glas de la campagne de Volchanka … et le commencement d'une nouvelle.
La Grande Armée était vaincue, mais tous les officiers semblaient s'accorder sur le fait que nous pouvions garder la tête haute. Nous étions vaincu, mais nous faisions retraite en bon ordre, tambours battants, drapeaux au vent et aigles plus fixés que jamais à leurs manches.

Je suis le Sous-Lieutenant Marceau, né le 16 Août 1782, affecté à l'école militaire Française durant la campagne et déjà 18 semaines de service à mon actif. Bien que je sois encore considéré comme un bleu aux yeux des vétérans, je pouvais me targuer d'avoir mis en déroute plusieurs compagnies ennemies et d'avoir fièrement tenu sous le feu, éclaircissant même les rangs Russe de plusieurs centaines d'âmes.
Mais ce n'était pas les Russes qui poussaient les vieux briscards à me voir comme un nourrisson, c'était le froid, l'hiver. L'hiver était craint, l'hiver était l'ennemi, le pire de tous. Tous persistaient à me rabâcher que tant je ne l'aurai pas connu, je resterai une pucelle au bordel, un poussin parmi les coqs, un bleu au milieu des blancs.

J'apprenais et maitrisais de mieux en mieux les ordres, contrordres, à manœuvrer mes compagnies, à rester calme sous le feu si bien que le moral de mes hommes s'en ressentait. J'ai vu une compagnie entière se débander, la faute d'un homme en première ligne qui mouilla sa culotte en criant sauve qui peut. La peur est un virus, si on ne l'élimine pas dans l'œuf, il se propage. Les hommes se débandent et tombent plus vite que les blés pendant la moisson. Aussi, toute mon attention est actuellement focalisée sur le maintient d'un moral et d'une confiance au beau fixe. Je dois montrer l'exemple à mes hommes, ne pas craindre la mitraille. Je ne peux pas me permettre de courber l'échine sous les balles, je m'interdis rompre la formation face aux boulets. Il en va de l'honneur et de la survie de mes deux compagnies qui ne tarderaient pas à tourner des talons si j'entachais ne serait-ce qu'une once de leur confiance en leur officier.
Je me plais et m'impose souvent d'hurler au milieu des rangs, à la manière du Général Louis Lepic à Eylau : "Haut les têtes ! la mitraille, c'est pas de la merde !"
Je suis peut-être toujours ce que certains appellent un "Marie-Louise", mais je mènerai mon commandement avec bravoure et dignité jusqu'aux confins de l'Oural et au delà si il le faut. Pour mon honneur, pour la France et pour l'Empereur.

En ce mois de Septembre, les températures nocturnes de la toundra devenaient de moins en moins supportables et la poursuite de la cavalerie cosaque de plus en plus pressante. Ces courtes nuits en tant qu'officier d'arrière-garde me rappelaient que j'avais tout à perdre d'avoir quitté ma Seine et Marne natale. J'avais fort à craindre de vivre l'horreur que me décrivaient mes ainés, mais mon honneur me sommait d'accomplir mon devoir qu'importe la peine.

J'entretiendrai autant que faire se peut ce journal, puisse-t-il devenir mes mémoires et non mon testament. À ma bien aimée Sophie qui m'attend au pays, je souhaite pouvoir te raconter ce qu'il adviendra de vive voix. À mon petit Henri qui fête son année sur terre la semaine qui vient, je fais le vœux de n'avoir de repos que le jour où, le devoir accompli, je pourrai à nouveau te tenir dans mes bras.


Avec le froid et le vent glacial se lèvent des échos de bataille, la chamade tonitruante des tambours et des chants de victoire. Je prie le ciel d'avoir la force de faire mon devoir sans jamais faillir. Que Dieu me pardonne, je pars faire pleurer les dames de Saint-Pétersbourg.
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