Gazette de Russie
gazette
19 novembre 1812
LES FOSSOYEURS (1e place)
Le soleil déclinait sur la plaine et les nuages s'éloignaient. Une averse soudaine avait surpris la troupe mais avait cessé
aussi vite qu'elle était arrivée. Une petite brise légère faisait maintenant remonter de la terre les odeurs de cette chaude
journée de juillet. L'odeur de poudre encore présente, tenace, semblait vouloir s'accrocher aux herbes hautes comme pour
marquer le lieu du combat. L'odeur fugace mais déjà âcre des corps restés au soleil toute la journée, commençait aussi à se
répandre. Bientôt des myriades de mouches viendraient s'occuper des uniformes bleus et verts qui jonchaient le sol, ça et là,
maintenant que les infirmiers des deux camps avaient terminé de ramasser les blessés encore secourables. Cette journée
ordinaire avait été marquée par un engagement entre plusieurs bataillons dès le matin, non loin d'une petite bourgade à
peine indiquée sur les cartes.
Mes compagnies avaient dû affronter plusieurs compagnies françaises qui tentaient de s'emparer de ce point avancé sur la
route de Mojaïsk. Coupés de nos lignes et sans ordres précis, – mes estafettes n'étaient pas revenues et je n'avais pas
d'indications sur les manœuvres régimentaires –, j'avais organisé ma ligne de feu du mieux possible pour repousser des
assauts français toujours plus entreprenants. Après une poignée d'heures d'un combat indécis,– avance, replis, mouvements
divers, charge de cavalerie et salves réciproques –, un cessez-le-feu tacite avait été convenu. Aucun des camps n'avait pu
prendre l'avantage. L'ennemi s'était retiré derrière une petite colline, préférant reprendre quelques forces et se réorganiser
avant de repartir à l'assaut, tandis que j'avais fait replier mes hommes à l'abri d'un bois où il était plus facile de bivouaquer.
Le prix payé par les deux camps avait été élevé. Nous avions laissé chacun sur le terrain une bonne centaine de morts et le
double de blessés.
J'avais besoin de parcourir ce champ de bataille anonyme avant la nuit jusqu'à une petite élévation située non loin, pour
reconnaître et évaluer discrètement la présence ennemie.
Un jeune lieutenant collait à mes basques et me suivait comme mon ombre, Serguei Dimitrievitch, mon officier
d'ordonnance, encore peu habitué à la vie en campagne et qui s'inquiétait plus que de raison pour ma personne.
"Mon Général, il vous faut une escorte. L'ennemi n'est pas loin… Il pourrait nous surprendre… Je vais demander quatre
hommes pour vous accompagner… "
"Laisse-les donc se reposer au bivouac. La journée n'a pas été particulièrement faste et ils ont certainement autre chose à
penser ou à faire… J'aurai besoin de tous mes soldats en pleine forme demain au combat".
Laissant les sentinelles derrière nous, nous avançâmes vers un petit cours d'eau bordé d'arbres qui longeait le théâtre de cet
engagement. Je fis mettre pied à terre, demandant à mon ordonnance d'attacher les chevaux ici pour plus de discrétion.
"Prends juste ta carabine Serguei, nos sabres vont nous encombrer. Nous irons à pied et il nous sera plus facile de nous
dissimuler".
Je pris soin de vérifier que mes pistolets étaient approvisionnés et que j'avais avec moi ma longue vue ainsi qu'un calepin
pour prendre éventuellement des notes.
Nous progressions prudemment, nous arrêtant de temps à autre pour écouter qu'aucun bruit suspect n'indiquait l'approche
ennemie quand Serguei m'arrêta de la main.
"Mon Général ! ", me dit-il à voix basse, "Regardez ! De la fumée !…"
Effectivement, une petite colonne de fumée s'élevait doucement à 200 mètres de nous, mais la végétation nous empêchait
de voir qui en était à l'origine. Il me semblait étonnant qu'un groupe se décide à bivouaquer ainsi, isolé du reste des troupes,
en plein au milieu des deux camps.
Courbés en deux, nous nous approchâmes afin de lever ce mystère, moi, mon pistolet à la main tandis que Serguei avait
armé le percuteur de sa carabine.
À notre grande surprise, nous entendîmes des voix russes, ce qui incita mon aide de camp à s'avancer rapidement.
Serguei fit irruption au milieu d'un groupe de pauvres hères, deux vieilles femmes et trois hommes d'un âge déjà avancé,
trop vieux en tout cas pour être enrôlés et qui semblaient être de biens inoffensifs moujiks. Ces paysans simples qui
traînaient avec eux une carriole pleine d'effets militaires ne comprirent pas tout de suite ce qui leur arrivait. Ils brûlaient des
vêtements déchirés et tâchés de sang ainsi que de la charpie dont le sang coagulé faisait un infâme bloc rouge foncé, ayant
servi à panser des blessés.
Voyant une arme pointée vers eux, ils se jetèrent au sol en implorant qu'on les épargne.
"Reculez ! Vous êtes devant le Général Depakin ! Que faites-vous ici ?… Vous êtes des espions ? Gibiers de potence !…"
Apercevant mes épaulettes de général, même s'ils n'en connaissaient pas la valeur, ils furent bientôt à mes pieds, se
lamentant du sort injuste qu'on voulait leur faire subir, tandis que Serguei essayait d'éloigner de ma personne ces misérables
à coup de crosse, avec cette brutalité primaire qui caractérise les officiers subalternes.
"Laisse donc, Serguei, ce sont des fossoyeurs… Ils font là le travail qu'aucun autre ne souhaite faire et méritent un peu de
compassion".
Malgré sa méfiance instinctive, Serguei consentit à lever ses doutes mais restait sur ses gardes.
"Des fossoyeurs ?… Comment cela mon Général ?… Ce sont des voleurs !… Regardez ce qu'ils ont amassé dans leur
carriole !"
"Serguei Dimitrievitch, tu n'es pas encore au fait des us et coutumes des armées en campagne. Il serait bon que je t'explique
deux ou trois choses…" Une des vieilles femmes apeurées me tendit une petite tabatière en or, un objet finement ciselé qu'elle m'offrait en
remerciement pour sa protection.
"Mais mon Général, vous voyez bien ! Voilà de quoi ils vivent, de rapine, du dépouillement des cadavres trouvés sur le
champ de bataille ! C'est plutôt à coup de knout que ces moujiks doivent être traités !…"
Alors qu'il faisait mine de frapper d'un revers de main la vieille femme qui m'avait tendu le présent, je fis cesser son
emportement qui m'énervait.
"Arrête, te dis-je… Et écoute-moi : comment crois-tu que nos recrues sont équipées dans les dépôts régimentaires ? Avec
quels équipements crois-tu qu'on va former les bataillons de l'Opoltchénie ? Nos fossoyeurs sont là pour ramasser tout ce
qui peut encore servir après un engagement : le matériel ramassé et celui pris sur les français est ramené à l'arrière, lavé,
trié et redistribué. La Sainte Russie n'est pas riche, et l’étoffe des uniformes coûte cher. Les baudriers, les guêtres et les
gibernes récupérés sont une économie importante pour notre armée.
Ces vieillards ont été dépossédés de leurs biens par les deux armées et ils n'ont plus rien. Le peu de bétail qu'ils avaient a
été volé, leurs récoltes pillées et leurs isbas certainement brûlées pour ne pas être utile à l'ennemi. Nous leur offrons cela en
échange : ils récupèrent ce qu'ils peuvent et le vendent dans les villes à des marchands qui iront collecter tout cela pour le
compte de l'armée. De plus, ils rendent les derniers honneurs aux morts en leurs donnant une sépulture décente sinon ils
pourriraient au soleil et les miasmes démoraliseraient nos soldats plus sûrement que le canon ennemi. Que dirais-tu,
Sergueil Dimitrievitch, si tu voyais chaque jour le corps de ton frère se décomposer un peu plus au soleil et pourrir au sol,
mangé par la vermine et les corbeaux ?
Ils suivent dans l'ombre nos régiments, n'interviennent souvent que la nuit à la lueur des torches et disparaissent sans qu'on
se rende compte de leur présence.
Allons, laisse ces pauvres paysans accomplir cette tâche ingrate. Ils ne l'ont pas choisi, ils n'ont plus d'autre choix car cette
guerre qu'ils n'ont pas voulu plus que nous en fait aussi des damnés, ils sont condamnés chaque jour à porter un lourd
fardeau, c'est celui de porter les morts en terre…"
La leçon avait apparemment porté ses fruits. Serguei releva la vieille babouchka et lui donna une poignée de roubles. Je
rangeais dans ma poche la tabatière en or, certainement récupérée sur le corps d'un officier français et qui me serait très
utile.
Nous les laissâmes à leur fardeau sans nous retourner et reprîmes le cours de notre marche.
Je devais évaluer le dispositif ennemi avant la nuit et organiser mon dispositif défensif pour le combat de demain.
Nikolai Depakin
separateur
Editorial Concours
Les Gazetiers de la Gazette Indépendante de Russie sont fiers de vous présenter, avec un peu de retard veuillez nous en excuser, les résultats du Concours.
Merci aux participants pour leurs beaux textes que nous avons pris plaisir à lire et à juger, et félicitations au gagnant de la part de toute l'équipe.
La Redaction
separateur
Mon Général
Très cher Oncle aimé et honoré, Mon Général

Depuis l’épisode fâcheux du séminaire de Besançon, où, de part mon innocence, je subis mille tourments, et afin d’éviter la
conscription, je me suis rendu à Strasbourg.
En souvenir de nos veillées où vos sœurs & moi-même, vous nous écoutions conter votre aventureuse vie militaire, je
décidais de m’engager dans votre Régiment, l’Armée du Rhin. Enfant chéri d’un gynécée, loin de moi, l’audace de courir la
chance au combat, faire violence me fais frémir, en me portant volontaire dans le service de santé régimentaire, j’avais
l’ambition d’apprendre un noble métier.
Mon bataillon est composé en majorité de bourguignons, Monsieur Tece notre lieutenant est du canton de Nolay. Lorsque je
lui présentais mes civilités, lui disant que j’étais originaire de Dole et que mon oncle avait été le général du régiment, j’appris
avec effrois que le bourguignon pouvait offenser les bienséances.
Notre chirurgien major est un brave homme de Neuchâtel. Chaque jour il m’enseigne son art avec patience. Ce serait
probablement la personne la plus agréable de cette fédération de brutes que sont nos compagnies s’il ne présentait un
penchant irraisonné pour la dive bouteille, ce qui a pour effet de rendre nos nuits peu reposantes.
Ce printemps, nous avons traversé toute l’Europe. Sachez cher oncle, si vous aviez l’intention de vous rendre en Pologne,
que ce pays est bien monotone et triste comme un enterrement à Ornan, et ce n’est pas le chou à toutes les sauces qui le
rend attrayant.
Les journées étant longues, même assis dans le fourgon qui nous sert d’ambulance, balloté, me souvenant de vos
préceptes, aux hommes de troupe marchant en colonne, je prêchais la bonne parole de notre bon Jean-Jacques. Il n’est pire
sourd celui qui ne veut entendre. Quelques jurons puis de nombreux horions au bivouac me réduisirent au silence.
Le 1 juillet 1812, le jour de mon 19ème anniversaire, je prenais un bain forcé dans le Niémen. Cette noyade avortée fit bien
rire notre bataillon.
Ce ne fut qu’en septembre que nous aperçûmes nos premiers russes et pûmes mettre en application nos cours théoriques
sur les amputations, commotions, hémorragies et éventrations. Des granges, des maisons abandonnées, des ruines, une
église, une écurie carbonisée, ces amphithéâtres auraient pu nous inciter à la méditation sur la vanité humaine si les canons
russes, ayant une portée supérieure aux nôtres, ne gâchaient nos réflexions. Les combats devinrent de plus en plus âpres et
un mauvais bruit couru que notre chirurgien-major ferait plus de mal qu’une batterie russe.
Après maintes marches, et moult contremarches, nous devinrent pauvre comme Job, et il devint difficile de trouver
subsistances ; après chaque combat, nous glanions sur le champ de bataille la nourriture sur les cadavres – amis ou
ennemis. Le 7 novembre, date funeste du trépas de votre sœur, ma très cher mère, l’hiver fit son entrée fracassante, le froid
devint des plus vifs et bientôt nous n’eûmes plus de chevaux et l’ambulance fut brulée. La splendeur de nos uniformes
s’effilocha, de sombres accoutrements firent de nous un carnaval de camp-volants. Mi-Novembre, par deux fois notre
régiment se porta au devant de Bubka, par deux fois nous fumes contraint d’abandonner des nôtres sous un manteau blanc
de neige. Il est fort difficile de réfléchir quand de tristes pensées vous accompagnent et que votre ventre crie famine. La
soupe fait le soldat ; la belle fraternité s’était dissoute dans la neige fondue que nous buvions, la crainte d’exciter l’envie,
l’égoïsme, la pingrerie pour nos maigres pitances fit de nous des fantômes. Des précautions devinrent inutiles et d’autre
extrêmement précieuses ; les poux devinrent nos confidents. Les larmes aux yeux, je décidais de jeter au feu mon «contrat
social», mon Rousseau me fit chaud au cœur une dernière fois.
Le lendemain nous fûmes défaits par une multitude de russes. Nous profitâmes de la nuit pour fuir dans les bois où nous
finissions par nous perdre.
En marchant vers l’ouest pendant deux jours, au petit matin, nous arrivâmes à un charmant château épargné de la
sauvagerie russe. Un gras cochon nous attendait dans sa soue. Nous allions l’égorger lorsqu’une nuée de cosaques
apparut. Profitant de notre hésitation, notre victime sacrificielle s’en fut vers l’ennemi. La rage guidant nos pas, hurlant,
vociférant, braillant, courant sus au cochon, les cosaques prirent peur et tournèrent bride. La prise du cochon fut,
soudainement, salué par une furieuse canonnade, qui perdura toute la journée. Tandis que des braves dépeçaient notre
providentiel trophée, le reste du bataillon investissait la maison. Manu militari, notre lieutenant, après avoir fait enfermer les
propriétaires dans la cave d’où remontèrent de nombreuses bouteilles de champagne et clairet, ordonna la transformation de
la demeure en camp retranché. Les meubles du premier étage furent jetés sur le perron et des barricades fleurirent dans le
jardin et la cour. Dans les salons du rez-de-chaussée où ce fut une hécatombe, gisaient les frais cadavres des bouteilles
bues, le verre brisé des fenêtres où étaient postés nos meilleurs tireurs, dans un coin sur les canapés aux tissus soyeux et
multicolores, les fusils étaient chargés par les plus taciturnes. Sur le billard, après avoir dévalisé la garde-robe, quelques
dévergondés nous singeaient des scènes de la vie parisienne. Les plus désœuvrés exerçaient leur adresse sur les pampilles
des lustres. L’excitation était à son comble, de vivre libre ou mourir, tous nous fîmes serment : ici sera le tombeau de l’armée
du tzar ! Tout par un bon coup, une cavalcade se fit entendre dans la cour. Une escouade de nos hussards nous annonçait
que l’Armée du Rhin se battait à 3 lieues, et qu’aujourd’hui, la déroute était complète pour les russes.
Le printemps est revenu, et maintenant c’est nous qui marchons avec le soleil dans les mirettes le matin. Depuis mon haut
fait d’arme, mon chirurgien-major ma présenté aux membres de son club «les cracheur en dedans». Selon les dires de ces
patriotes assoiffés de Gloire et initiés à la Vérité, nos déboires seraient dus à l’incompétence de l’amiral de Villeneuve, lequel
sans le désastre de Trafalgar nous auraient débarqués à Vladivostok. Ainsi les villes saintes russes seraient tombées sans
coup férir, et notre victoire totale depuis belle lurette. Voila tout ce que je puis vous dire, mon oncle.
Que Dieu vous préserve des poux, je bois à nos retrouvailles.
Tece
separateur
Notation Concours
Pour information, voici le classement détaillé de ce Concours:
1er - 9 points - Général de brigade Nikolai Depakin 14317
2ème - 14 points ex-æquo - Capitaine adjudant-major Tece 48446
3ème - 14 points ex-æquo - Sous-Lieutenant Léon Lafleur 49698
4ème - 24 points - Major Antoine de La Salle 47089

(Les juges devaient donner leur classement. Celui qui était classé premier gagnait 1 point, le deuxième gagnait 2 points, etc... Celui qui avait le moins de points à la fin gagnait.)
La Redaction
separateur
ÉGOUTS ET MENUS PLAISIRS
Tandis que le charroi militaire suit la troupe de près,
À l’arrière…grouille un petit monde sans cesse en activité, dévoué aux vices et bassesses de la condition humaine : jeux,
trafics en tout genre, plaisirs du beau sexe et autres commerces plus ou moins licites y foisonnent !
Chacun connaît l’existence de cette truanderie et rares sont les vertueux qui n’y recourent point un jour ou l’autre.
Il se dit même que ces petits commerces ne connaissent pas les limites du front et que certains vont même jusqu’à livrer les
cosaques en chèvres grassouillettes !
La Gazette s’est intéressée aux activités d’un groupe de soldats bien connus dans le milieu de l’arrière, passé maître dans
l’art d’arrondir bonnement la solde impériale.
Le premier de ces truculents personnages que nous appellerons «La Vérole» s’est spécialisé dans la location des charmes
et menus services féminins. Parti de France avec une dizaine de filles aux mœurs légères, il renforça son bataillon en jupon
au gré des pays traversés. Quelques prussiennes et polonaises vinrent ainsi renforcer les rangs de ces dames. Quelques
russes «prisent» à l’ennemi les rejoignirent progressivement afin de satisfaire une demande ininterrompue d’amateurs
inconditionnels… Il y eu bien quelques pertes due à l’ivrognerie de la clientèle ou aux maladies indignes. Que l’on se
rassure, le service aux mâles soldats de la Grande Armée est maintenu dans les tentes du Sieur «La Vérole» !
Le second est «La Tenure» qui fait gargouiller l’alcool à flot continu sous sa tente : du meilleur champagne pour les
Maréchaux à l’alcool de patate russe de la pire espèce en passant par les grands crus et vinasses et autres vieux marc ! Il
sait aussi divertir qui aime à vider sa bourse aux plaisirs des jeux. Ici aussi tout y passe : de la belotte à la roulette russe en
passant par les courses de chevaux et paris en tout genre.
Vient ensuite «Tire Laine» qui fait négoce de tout ce qui peut remplir sa bourse et ne rechigne pas à de menus larcins si
l’occasion s’en présente. Armé d’une bonne tenaille, il n’a pas son pareil pour se saisir des dents en or de ceux qui tombent
au champ d’honneur, que ce soit sous l’uniforme vert ou bleu ! Il est capable de mener une attaque privée pour le plaisir de
piller un convoi ennemi à son profit ! Chacun sert l’Empereur à sa manière !
Passons maintenant à «Coupe-Jarret», digne personnage qui aime à aider son prochain ! Menace, extorsion, chantage en
tout genre sont son apanage ! Sur le champ de bataille, il aime à égorger les officiers ennemis pour le compte de
collectionneurs de trophées trop couards pour les quérir eux même…
Enfin cerise sur le gâteau, «Lafleur»… Un finaud aux longues oreilles qui sait recueillir les secrets d’autrui pour protéger ses
affaires (ou les faire fructifier) quitte à s’infiltrer chez l’ennemi pour compte de notre État-Major… Mais jamais gratuitement ! Il
se dit qu’il aurait même négocié contre coquet pécule l’engagement de son bataillon au sein de son régiment ! Il est à la tête
d’une véritable industrie au service du soldat qui en a les moyens : lavandières, terrassiers, domestiques, cuistots… tous de
vaillants «volontaires russes» dont les services sont recommandés par le persuasif Coupe-Jarret !
Nous espérons de cet article n’aura point trop choqué la morale du lecteur mais ce sont là des choses dont on ne parle
guère souvent et qui se tolèrent pourtant à la moustache de la Gendarmerie impériale car il y va du moral du soldat !
La Plume du Coq
Léon Lafleur
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Lettre à sa fille
Quelque part en Russie, le 11 Mars 1812.

Ma chère petite Joséphine,
Profitant d'un moment de répit sur le front, je t'envoie quelques lignes. J'espère que ce billet te trouvera en pleine forme.
Hier matin peu avant 7h, j'ai livré mon premier combat, action héroïque que je vais te conter ici.
Je mis en branle mes deux compagnies alors que l'aube pointait à peine sur les plaines à l'Est de Balaklava, la ville
assiégée.
Là bas, le reste du régiment des Grenadiers Réunis menait l'assaut depuis plusieurs jours pour enlever la position aux
russes.
Pour moi les ordres étaient clairs : avancer plein Nord à travers les troupes françaises, puis obliquer vers l'Ouest en direction
des faubourgs. Là, à l'entrée Nord-Est de la ville se trouvait les chasseurs de Notelio, protégeant l'accès. Il fallait, par un feu
nourri, repousser les russes ou au moins les affaiblir suffisamment pour préparer la charge du lieutenant Mitchell.
En suivant les consignes du capitaine Parkerpop, mon officier, je mis mes troupes en ordre de marche et m'avançais le plus
rapidement possible jusqu'à portée de l'ennemi. Le mouvement surprit complètement la cavalerie russe, sûrement pas
encore éveillée.
Alors que les sentinelles donnaient l'alerte, je regardais mes deux compagnies parfaitement alignées sur la plaine et donnais
de la voix : "Première compagnie préparez vous, première ligne, genou à terre, compagnie, en joue, Feu ! ! !". Une terrible
détonation retentit, se répercutant sur les murs de la ville. Puis j'entendis mon adjudant répéter l'ordre de sa puissante voix :
"Deuxième compagnie préparez vous…"
Les premiers russes à être montés en selle prirent la salve de plein fouet et s'écroulèrent les uns après les autres. Tout le
reste de la compagnie grimpa à cheval à son tour quand ils entendirent au loin : "En joue, Feu ! ! !". Deux fois plus d'hommes
tombèrent. L'officier prit une balle dans la gorge et s'écroula dans la neige.
Le reste des cavaliers, devant une telle puissance de feu, ne demandèrent pas leur reste et foncèrent à bride abattue vers
les positions de l'armée du Tsar.
Ayant remplis mon objectif, je pris conscience du danger que représentait les renforts russes descendant du plateau,
légèrement sur mon arrière droit. Il fallait rapidement déplacer les troupes pour rejoindre la ligne française.
Une fois la fumée de la mousqueterie dissipée, et constatant leur œuvre, mes hommes lancèrent un Hourra !, puis à mon
commandement se replièrent en bon ordre.
Je pensais : "Notelio a mordu la poussière, première victoire, mais il y en aura d'autres…"
Je te laisse le soin d'embrasser tendrement ta mère, ne lui en fais pas trop voir en mon absence !
Je pense à vous et espère vous retrouver bientôt.
Tendrement,
Ton papa
Antoine de La Salle
separateur
Derniers tombés
Alexeiev (mat 46929)
azrael (mat 596)
Lefine (mat 21811)
Adjt de parachutiste (mat 597)
Druon (mat 49147)
Leonardo. (mat 49402)
Couric (mat 27340)
2/3 Normandie (mat 29140)
Robert Paulson (mat 11006)
Nutellov (mat 43997)
Furibard (mat 43286)
Adjt de olivier68 (mat 28602)
mousquètou (mat 20728)
terbel4 (mat 36613)
Yann (mat 6970)
Xavier Le Breton (mat 38603)
Fusiliers de J-C (mat 46230)
Hawkmoon von Köln (mat 46225)
Adjt de Loubli59 (mat 50201)
Comte de Gap (mat 49029)
3 ème CL Deb (mat 46029)
Marius (mat 50414)
Andrei Tchikatilo (mat 20596)
Oleg Moleskine (mat 46975)
Igor Bokhvostov (mat 18346)
Davout. (mat 49403)
Boris Moleskine (mat 45682)
Nikolay Moleskine (mat 45683)
Popoff (mat 13495)
Dmitrij Seremetev (mat 29941)
separateur