Gazette de Russie
gazette
15 septembre 1812
Feld Maréchal Zinix
La Gazette : Tout d'abord, d'où vient ce surnom ? Est-ce votre vrai nom ?

Zinix : Non, mon père était officier dans l'armée corse et a combattu la vermine française à Ponte Novu en 1769. Notre clan était affilié aux Paoli, la branche Bastiaise, pas celle du Babbu. Quand Le Grand Homme a établi le royaume Anglo-Corse, j'ai naturellement rejoint son armée.
C'est ainsi que quand l'infâme traître Bonaparte a envahi le territoire national, j'ai suivi Pozzo Di Borgo. D'abord en Angleterre, puis ici.
Zinix était le nom de guerre de mon père.

La Gazette : Comment êtes-vous devenu le Commandant en chef de l'Armée Russe ?

Zinix : J'ai rejoint les rangs des Grenadiers de Pavlov, sous les ordres du sulfureux Yermolov, du temps de sa splendeur. Pozzo Di Borgo m'a convaincu, il était littéralement sous le charme. Quand Yermolov a été exécuté par les services secrets du Tsar, la surprise a été grande pour tous, et j'ai été envoyé par Ezeckiel, le nouveau chef des Pavlov, pour servir de liaison avec le HEM. Il pensait, à juste titre, que mes qualités de diplomate pourraient servir à apaiser les tensions.
Les vieux Pavlov m'appelaient déjà du gentil sobriquet de "faux-cul" dans le régiment.
Plus tard, après divers postes dans l'Armée, le vide créé par l'arrestation de Zoltan (notre Tsar est parfois un peu sanguin, et il parait que Zoltan avait commis des indélicatesses auprès de la Tsarine. Enfin… Je dis ça, je ne dis rien).
…après l'arrestation de Zoltan, donc, le Tsar a pensé que mes grandes qualités de stratège et de meneur d'homme serviraient la Cause mieux que quiconque.
Les fausses rumeurs faisant mention de pots-de-vin ou intimidations diverses n'ont jamais pu ternir ma réputation sans tâche.
Je vous préviens à tout hasard, qu'écrire à ce sujet est passible de bannissement chez les cosaques, en tant que gardien de chèvres. Ou de peine de mort si le Tsar est clément. À vous de voir…

La Gazette : Heu… À ce propos, comment Votre Magnificence gère-t-elle le problème cosaque ? Ils sont de piètres soldats ! La honte de notre armée.

Zinix : Oui, c'est ce que l'on pourrait penser à vue de nez (surtout de nez). Mais c'est finalement assez facile. Il suffit de les dresser, comme on le ferait avec un chien galeux : quelques tapes et quelques sucres font l'affaire. Surtout avoir la main ferme. Ils obéissent alors comme de bons toutous. Récemment, je les ai envoyés en mission suicide plein Est, ils y sont allé sur un simple mouvement de menton de ma part.
Au final, il n'y a que les bonnes manières qu'on ne peut leur enseigner. Ils resteront pour toujours bêtes et sales. C'est dans leur nature.

La Gazette : Dernière question. Quelles sont les qualités requises pour être un bon Commandant en Chef ?

Zinix : Je dirais qu'il faut surtout de l'humilité. Il faut savoir reconnaitre qu'on ne peut tout maitriser. C'est particulièrement difficile pour un être comme moi qui a tant de génie.
Zinix
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MOULIN DE NORSKA
Récit de la bataille du moulin Norsca

Dans la troupe, à quelques heures de s'élancer en direction du moulin Norsca, l'enthousiasme cède momentanément au doute. Aussi le capitaine adjudant-major P.I. Badration, qui va devoir regagner la capitale l'espace d'une semaine prochainement, multiplie-t-il les contacts directs avec les officiers de sa section qui, depuis qu'ils portent les couleurs des Grenadiers de Pavlov, ont fait de ce régiment leur univers. « L'effet de surprise est manqué, mon capitaine, ils commencent à se regrouper autour du moulin ». Réponse de Badration : « Des vétérans aussi expérimentés que ceux du 25ème Régiment d'Infanterie se barricadent plutôt que de se ranger en bataille face aux tous jeunes loups que nous sommes; c'est qu'ils craignent nos crocs ».
Soudain, les tambours battent et les compagnies s'ébranlent.
Les hommes du lieutenant Pinder sont les premiers à approcher les abords du moulin et à essuyer le feu soutenu de ses défenseurs. Mais l'élan n'est pas brisé pour autant. Ordre a été donné de foncer droit devant sans se préoccuper du reste. Zigzaguant entre les unités françaises, le lieutenant Evenflow, à qui on a tout juste décerné la Médaille de la Nation, parvient à pénétrer dans le moulin, appuyée par le bataillon du capitaine El Lissitzky et suivi de près par ceux des commandants Zinix, Michka, Tuco Korbanovitch, du capitaine adjudant-major P.I. Badration, et du lieutenant Terrik. Le lendemain, tous seront rejoints par ceux du lieutenant V. Petroiv et du sous-lieutenant Benson44.
Mais si les soldats de sa Majesté le Tsar de toutes les Russies ont pu croire un instant qu'il s'agirait d'une mince affaire, l'afflux de renforts ennemis leur fait rapidement appréhender la détermination de leurs redoutables adversaires et la promesse d'un nouveau bain de sang.
D'instinct, ils se recroquevillent autour de la position qu'ils doivent tenir jusqu'à la semaine suivante, sans se douter un instant qu'ils ne doivent en fait que gagner du temps afin de permettre à la future Armée du Nord de se déployer.
Le lieutenant Evenflow est rapidement contraint de remplacer sa 46865ème Compagnie d'Infanterie de Ligne, décimée, par sa 46866ème. Et c'est le sous-lieutenant Benson44 qui, le premier, « inaugure » la série d'actions héroïques consistant à se proposer en première ligne afin de préserver le plus longtemps possible les occupants du moulin.
La terre tremble. La cavalerie française charge et ouvre une première brèche dans laquelle se glissent les hommes de la 38129ème Compagnie d'Infanterie de Ligne de l'adjudant De Tascher. Mais criblés du plomb que font pleuvoir le commandant Skarklash et le lieutenant K. Wunderof, derniers arrivés dans ce secteur du champ de bataille, tous succombent, laissant ceux d'une des compagnies du capitaine adjudant-major P.I. Badration investir à leur tour Norsca. La nuit tombe. C'est un répit.
« Nous ne devons pas espérer le renfort du Régiment Baggovout qui livre actuellement bataille aux côtés des officiers de notre 1ère Section, messieurs. Leur mission est elle-aussi cruciale : fixer le IIème Corps d'Armée du commandant Robespierre afin d'éviter qu'il vienne prêter main forte au 25ème Régiment d'Infanterie ici ! »
Les propos du commandant Zinix, loin de les réconforter, redonnent curieusement du tonus aux officiers engagés autour du moulin qui, réalisant leur isolement, ordonnent alors à leurs hommes d'imiter les mouvements du sous-lieutenant Benson44. Peu à peu, se forme cette fameuse phalange que le capitaine adjudant-major P.I. Badration baptisera « la tortue ».
« Vive l'Empereur ! » Les Français remontent à l'assaut et la bataille reprend dans toute son horreur.
Les bataillons des capitaines adjudant-major Malo, V. Stephanovitch, des sous-lieutenants Frydyzak et Elro sont en approche. Bientôt, ils épaissiront la carapace de la tortue.
Cependant les pertes ne la rendent pas aussi hermétique que souhaité : une des compagnies d'infanterie de ligne du commandant Jean Leclerc chasse celle qui occupait encore le moulin mais est aussitôt encerclée. « Le trou est comblé, lance le commandant Zinix, mais le ver est toujours à l'intérieur du fruit. »
C'est au sous-lieutenant Elro qu'échoit la tâche de reprendre la position.
Le capitaine El Lissitzky coordonne les attaques visant à préparer l'assaut avec une précision chirurgicale. Il faut dire que les munitions viennent à manquer et que chaque coup doit désormais faire mouche. Cliquetis des armes, cris des assaillants qui abordent l'ennemi à la baïonnette : le moulin est de nouveau sous contrôle russe.
Pour les Français, qui se battent comme des lions, mais qui sentent la victoire leur échapper, « le moment est venu de vaincre ou de périr. » Face aux déferlements de centaines de leurs cavaliers, auxquelles se joignent de véritables nuées de voltigeurs et la batterie d'artillerie du colonel Lensa, toute riposte cohérente est impossible. À peine les Russes trouvent-ils les ressources pour relever ceux qui se font massacrer sans merci. Le colonel Didier de Castillon et quelques officiers du Régiment Baggovout parviennent à se faufiler jusqu'au moulin que les grenadiers du commandant Michka parviennent difficilement à occuper.
Sous ce déluge de plomb, le lieutenant V. Petroiv conserve son sang-froid et voit les restes du bataillon du commandant Jean Leclerc s'approcher dangereusement. Trop loin pour espérer s'interposer, il dépêche un de ses aides de camp auprès d'un officier prussien au service des armées russes : le lieutenant K. Wunderof. Dans une poignée de secondes, il sera le héros du jour en stoppant net l'offensive des grenadiers français à moins de quelques pas du moulin. Autour de ces derniers, un nouveau « cercle » se referme. Il faut encore tenir une nuit.
« Mes gars me tiennent bien au chaud, mais ils n'ont pratiquement plus de cartouches. » Il y a, dans ce rapport adressé à son commandant de régiment, comme la prescience d'un événement funeste de la part de celui qui dirigea une grande partie de ces « gars » alors qu'il était à la tête de l'École Militaire Russe : le commandant Michka.
Mais le capitaine adjudant-major P.I. Badration lui expose un plan : ne plus s'économiser en vue de relever les unités qui se feront écraser sous la masse ennemie mais passer à l'offensive afin d'affaiblir au maximum les dernières forces dont dispose encore le colonel Rudy.
Un millier de fusils crache la mort.
Meurtries davantage alors qu'elles se préparaient à donner l'assaut final de la position, les troupes françaises semblent paralysées, frappées de stupeur sous cette ultime grêle de balles qu'elles ne soupçonnaient certainement pas. Et si certaines reprennent la direction du moulin, elles ont perdu leur cohésion et ne parviennent pas à enfoncer la tortue. Dans moins d'une heure, il leur faudra reconnaître leur défaite.
Baroud d'honneur, comme le disent ceux qui ne trouvent pas le sommeil : une percée est finalement réussie, qui expose un des angles du moulin que ne pourra efficacement protéger l'escadron de lanciers du commandant Michka. D'autant plus que se profile dans la nuit noire celui des cuirassiers du colonel Rudy, lancés à la charge. Le capitaine adjudant-major V. Stephanovitch plante soudainement une de ses compagnies d'infanterie de ligne sur leur route, le commandant Tuco Korbanovitch se porte à leur hauteur... Ils ne passeront jamais.

Bien que chassés la semaine suivante, ces fiers galopins de la 2ème section des Grenadiers de Pavlov que soutenaient quelques « anciens » avaient toutefois gagné le temps nécessaire au déploiement de la future Armée du Nord de l'autre côté du Bobr.

Ainsi s'achève le récit de la bataille du moulin Norsca.

En hommage à ceux qui œuvraient ailleurs pour qu'elle soit remportée, et à ceux qui se trouvaient en face pour qu'elle soit des plus glorieuses.
V. Stephanovitch
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CORRESPONDANCE
Chère épouse,

Cette lettre est peut-être ma dernière. Nous sommes encore assiégés dans cette ville maudite. Alma a dû être une ville magnifique avant cette guerre. Cependant, elle est devenue un enfer. Les maisons brûlent, les rues sont remplies de cadavre et la rivière est devenue rouge. Chaque rue que nous traversons est peut-être notre fosse commune. La peur empeste la ville. Nous entendons les français à quelques rues de notre campement. Aujourd'hui, un soldat est mort dans mes bras. Avant de s'éteindre, il me dit qu'il était heureux de mourir, car enfin il n'aurait plus peur. Je combats avec des hommes courageux. Je n'ai jamais été aussi fier que de me battre à leur côté. Demain sera peut-être ma dernière journée. Cependant, sache que je suis mort la tête haute pour ma Sainte Russie.

Ton cher époux.
Pierre Lévesque
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KOZAK EMPALÉ DANS LE SUD
Non loin de Stare, la brume lève son léger voile. Depuis peu, la neige a laissé place à l'herbe verdoyante des sous-bois. Les fraises sauvages commencent à sortir de la terre encore froide qui empêche tout champignon de sortir sa tête.

En s'éloignant un peu plus loin de la route, on entend des bruits, comme sauvages au début puis en s'approchant, dans une clairière, on aperçoit un campement français qui stationne là. Pas loin de 2000 soldats y ont élu domicile. Dans un parc improvisé, une cinquantaine de chevaux se rassasient des jeunes pousses d'herbes.

En observant de plus près les galons, on peut apercevoir quatre colonels, un capitaine instructeur, deux sous-lieutenants. À la base, nous signale le capitaine Dami, seul l'EMF c'est retranchée dans les bois avec 5 compagnies pour harceler les russes sur la route. Puis les colonels les ont rejoints. Dami remercie entre autres le Colonel Roscanvel, anciennement son instructeur et commandant, et maintenant à la retraite pour ses actes de bravoure et sa grande aide apportée.

Depuis les positions des bois, ces recrues Eugène Boussicot ainsi que Henri Guissan et maintenant ce groupe armé, ont une position stratégique pour harceler les russes qui s'en prennent à la forteresse française ainsi qu'à leur voie de ravitaillement.

Aussi, dans la forteresse, se trouvait un jeune capitaine adjudant major fraichement promu du nom de Lannesmurat. Grâce à lui, le cosaque si réputé Vitali Viatchesla se retrouve avec seulement 108 hommes déroutés. Il a dit même, d'après certaines informations relatées de russes, les mots suivants:

« Dérouillé, dérouillée... C'est pas pac'que j'ai perdu la moitié de mes effectifs que ch'uis à terre ! Ch'peux mordre encore ! Et avec un peu d'chance, vu que question hygiène c'est pas tout à fait ça... ch'peux lui r'filer la rage à vot'cadet ! »

Ah ce cosaque! Il ira même jusqu'à dire :

« Où est-ce que vous les « pêchez » vos cadets ! Pendant qu'j'vous cause il me met 3 salves de plus ! À3 minutes près, on appelle ça en langage barbare, un « zerk » ! J'ai l'air de quoi avec 108 cosaques rescapés face à un cadet même pas diplômé ! J'vous jure, j'ai une répute à tenir, moi !...

Ne l'dites pas à mes camarades cosaques, hein... tant qu'ça reste consigné ici, ça craint rien, ces abrutis ne savent pas lire... mais par les Saintes Icônes, ne leur dites rien !... »

Les soldats de la libération de la forteresse se battant sur la route de Wolfgradd, eux, mettaient le paquet et exerçaient un maintient permanent de troupe et d'oppression sur les russes. Là aussi l'EMF était grandement présente et pouvait compter sur le sous lieutenant Fantome pour les réduire au silence. D'ailleurs, cet officier courageux mis en déroute une compagnie de ligne en deux corps-à-corps ; il s'agissait de l'adjudant russe de la Division Romanov, Yann Yanovich.

En parallèle dans la forêt, le groupe armé met hors d'état de nuire une compagnie de 200 hommes et une cavalerie appartenant au Major Khasparov.

Messieurs les russes vous êtes maintenant avertis, quiconque croise le chemin de l'EMF doit savoir qu'il lui reste peu à vivre et encore moins à se reposer.
Dami
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44ème Éditorial
Voici plus de 4 mois que la gazette n'était plus parue.

Nous nous excusons de ce désagrément et vous promettons de faire notre possible afin de récupérer un rythme plus soutenu de parution.

Malheureusement, au cours de ces derniers mois, les combats ont été des plus meurtriers et les officiers maniant la plume avec une certaine aisance se font rares.

C'est pourquoi nous avons décidé que la gazette devait prendre un caractère plus social et permettre une certaine réinsertion des officiers blessés ou marqués à vie par les horribles combats auxquels ils prennent part.

Nous accueillons donc l'officier James Connolly au sein de la rédaction qui arrive tout droit des A.N.A (Alcooliques Non Anonymes) et lui souhaitons plein de succès dans ses nouvelles fonctions.

Soldats de la Grande Armée, si vous souhaitez participer à la Gazette, n'hésitez surtout pas à le contacter pendant les heures de combat par missive ou à la taverne de la rédaction en autre temps.

Soldats du Tsar, si vous souhaitez participer à la Gazette, n'hésitez surtout pas à contacter l'officier Nicolaïkov pour de plus amples informations.

Nous vous souhaitons une bonne lecture !
La Rédaction
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Les Bérézines
Oui mais…

Arrivés dans la vallée de la Bérézina, nous avons d'abord traversé la ville de Sokolnitz où les femmes ont un goût… salé, sans doute du fait des marais salants plus au sud où elles y travaillent chaque jour.
Ensuite nous avons visité les villes de Lysnk et Borisoff. Dans la première, ville portuaire, les femmes sont souvent seules et du coup, face à la rareté masculine étions, nous autres cosaques, régulièrement sollicités. Rien à voir avec les bourgeoises de Borisoff, souvent épouses d'armateurs ou de riches commerçants autour du bois ou de la toile… Dédaigneuses de prime abord, mais qui une fois qu'elles avaient gouté à l'ardeur cosaque, en redemandaient lorsque leurs bedonnants époux partaient sur la côte pour leurs affaires.
Puis il y eut les villes de Riga et Mir. La première, petite ville de campagne dont la fortune s'est construite autour du commerce du bétail et des céréales, abritait de solides femmes habituées au dur labeur, et qui besognaient avec leurs hanches aussi bien qu'elles maniaient la serpette dans un champ de blé toute la journée ! Et Mir… Haaa… La capitale ! Il y en avait pour tous les goûts, de la bourgeoise bien prude à la petite souillon tout à fait sotte. De la plus belle perle d'une descendance de six filles jusqu'au plus abominable laideron vérolé…
Il y eut la ville de Tchita également, que nous visitâmes par deux ou trois fois. Brrr… En apparence, ces femmes étaient aussi froides que le climat du nord de cette contrée… Mais une fois sous la couette, elles se montraient aussi chaudes que la braise… Sans doute un phénomène de cause à effet…
Ensuite il y eut la ville de Bérézinsky, bien plus au sud. Les femmes, sans doute à cause du climat encore une fois, y sont bien plus légères, affichant outrageusement leurs attributs féminins sous des tissus fins ou des décolletés provocateurs… Au début elles font leur mijaurée, mais finalement, elles cèdent comme toutes les autres.
Et dernièrement, les villes de Studienka et Wessolovo… Haaaa… Quel accueil ! Elles avaient presque oublié jusqu'au souvenir de leur langue ! Et puisqu'on en parle, elles ne se sont pas fait prier pour se rappeler comment on s'y prenait… Avec la langue… Héhéhé…

Il nous reste donc à voir la ville de Lokniza, que nous réservons pour cette fin de campagne… Et la ville d'Alma, où nous n'avons jamais mis les pieds encore. Dans les rangs des régiments russes, on raconte que même les "Pavlovs" pourtant réputés collet montés séjournaient régulièrement dans les lupanars de la ville… C'est dire le talent exceptionnel des femmes d'Alma…

D'où notre hésitation… Héhéhéhé…

Commentaire d'un cosaque sur les filles de la campagne de la Bérézina
Un Cosaque
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Facta Non Verba
Pierre avait veillé tout la nuit pour savoir si le drapeau russe flotterait encore dans le ciel. Il fut soulagé de voir encore le drapeau. Il prit du papier et une plume

Cher Commandant des armées Russe,

Il y a un mois, vous avez demandé aux Jagers de défendre Alma, cela en prévision d'une offensive des Cosaques dans la ferme Rada. Le régiment entier était dans la ville après avoir chassé le Vieme. Nous avons eu quelques jours pour nous reposer et nous soigner. Nos ordres sont arrivés un après midi, nous étions entrain de regarder la BI s'enfuir de l'autre côté de la Bérizina.

Les ordres étaient clairs, nous devions tenir Alma jusqu'à la mort et très peu de renfort nous soutiendraient. Les Français remontent vers Alma et Balaklava en très grand nombre. Grâce à notre résistance, les armées du nord pourront avancer.

L'espoir de survive à cette bataille était très mince. Comment motiver des hommes qui connaissent leur destin ? Chaque homme profitait du peu de temps qu'il lui restait. Certains écrivaient à leurs proches, d'autres buvaient leurs peurs, chaque soldats le vivaient différemment.

Quand les Français sont arrivés aux portes d’Alma, nous ne pensions pas tenir face à leur nombre. Cependant, nous n'allions pas laisser la ville tomber comme le Vieme l’a fait. Nous allions combattre jusqu'à la mort. L'avantage de cette situation est d’une témérité quasiment suicidaire.

Les premiers français ont dû croire que la prise de la ville serait facile. Ils se sont vite aperçu que s'approcher de cette ville coûte très cher en hommes. Chaque jour de combat en notre faveur était de l'espoir et du courage. Chaque homme se battait pour un coin de rue. La défense était tellement féroce et bien organisée que nous avons commencé à croire que nous pourrions tenir l'église.

Cependant, les hommes ont commencé à se faire rares. La plupart des Jagers se sont fait renvoyer aux tentes. Le moral commençait à diminuer. Un miracle se produisit pour les Jagers ! L'armée du Maréchal arrivait en renfort. Des hommes courageux qui se sont mis devant les Jagers pour leur permettre de se soigner. À partir de ce moment, nous n'étions plus un régiment, mais une armée qui protège Alma. Les Cosaques nous ont rejoints et certains membres du Génie.

La dernière journée approchait, Petrossian tenait l'église depuis presque un mois. Le jeune Lieutenant Soldat Ryan se mit en première ligne pour remplacer mes grenadiers à bout de force. Une jeune recrue avec un extraordinaire courage, une belle relève pour l'avenir du régiment. Le Colonel Alexandre Nevskide de l'armée du Maréchal se mit en travers des français pour nuire à leurs déplacements. Il ne faut pas aussi oublier le courage de la milice d'Igor Moleskine qui attaqua deux fois au corps-à-corps les grenadiers de Taum !

Je ne peux citer tout les hommes qui se sont sacrifiés pour sauver Alma. Il y a autant de héros que de morts. À partir de ce jour, nous ne sommes plus des régiments, mais une armée ! Nous sommes plus des compatriotes, mais des frères d'armes ! Nous ne sommes pas des hommes, nous sommes la RUSSIE !

Pierre Levesque
Chef de bataillon, Second des Jagers Egersky
Pierre Levesque
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L'EMF FACE AUX KOZAQUES
Les cadets de l'EMF mettent en déroute les célébrissimes cosaques.

L'aube d'un nouveau jour se levait. Il était placé sous le signe de la réussite, de la victoire et du sang. Pour les russes, le tocsin annonçait leur mort

Les ordres du capitaine étaient tombés, encore de la marche en perspective. Beaucoup d'élèves officiers de l'EMF se demandaient ce que leur instructeur préparait. Dami tenait lui-même les ordres de Napoléon lui-même, celui-ci avait envoyé une estafette, escorté par une escadre de hussards, porter une missive à Dami

Pendant ce temps, la forteresse était assaillie de toute part. Certes, les français avais envoyé une grosse partie de l'attaque russe à la fosse commune, ce qui leur avaient permis de rentrer et de se positionner dans la place forte. Les russes alignaient un sapeur dans les montagnes, hors de portée des défenseurs français, ainsi que deux pièces d'artillerie de 8 pouces côte-à-côte dans la vallée côté russe. Bien sûr, les outils de sape russes avait leur propre défense. Par ailleurs la plupart des bataillons ennemis étaient de la Kasak Voisko, régiment ayant une très bonne réputation que l'EMF n'avait jamais combattu.

Les éléments composant l'escadre française de l'EMF sous les ordres du capitaine instructeur Dami avaient été triés sur le volet. C'étaient les meilleurs éléments sur qui l'EMF pouvait compter.
Donc touts les cadets étaient là ou Dami les voulait : dans le défilé menant à la forteresse. Dami, nomma par ailleurs le sous lieutenant !
Pendant la traversé de la montagne, aucune perte n'avait été à déplorer. Même si le printemps était là; il faisait froid en montagne mais grâce à leur propre initiative sans l'aide de l'instructeur, les élèves étaient passés.

L'objectif n°1 était de reprendre la mine, depuis trop longtemps tombé aux mains des russes. Dami, pour initier les cadets au prise de décisions nomma l'officier Eugène Boussicot.
Les russes étaient maintenant en visuel, mais en 46 heures, le bataillon du nouveau commandant tomba sous les coups répétés des russes.
La machine de l'EMF était lancée, les russes avait blessé un amis à tous, bientôt leur chair nourrirait les loups et les ours. Le capitaine préparait, comme à son habitude, un plan et un dessin.
L'attaque se passerait en 5 phases, toutes s'enchaineraient, car si une phase n'était pas accomplie alors la suivante ne pourrait être effectuée. Le boulot le plus dur était sans doute de pouvoir laisser un passage vide pour l'attaque des compagnies suivantes tout en bloquant ensuite la route aux russes.

En une attaque, beaucoup d'hommes ne reverraient jamais le jour dans les steppes de leur « mère patrie ». L'attaque française avait été une réussite totale sur un plan pertes infligées/pertes subies, et sur un plan stratégique. Malheureusement, le sapeur russe n'avait pas été attaqué, ce qui n'était pas important vu qu'il disposait encore d'une bonne défense.
Les russes contre-attaquèrent, même le sapeur, ce qui signifiait que ce dernier n'avait pas attaqué la forteresse. D'ailleurs dans la forteresse, les défenseurs prenaient petit à petit le dessus sur les assaillant même si persistait la menace permanentes des canons russes.

Encore une fois, le contingent de l'EMF était prêt à attaquer. Leur instructeur se rendit compte que depuis le début, il était toujours derrière ses cadets; ce qui pour un instructeur est un paradoxe et pas un exemple. Cette fois, les défenseurs du sapeur furent taillés en pièce et leurs cadavres allèrent nourrir les condors qui volaient majestueusement dans le ciel. L'EMF déplora quelques pertes mais le sapeur russe était encore là, les cadets commençaient à se demander qui était l'officier à la tête de cette compagnie. Les défenseurs de la forteresse eux, réussirent à sortir et prendre la mine; une tête de pont avait été créée.

Les dernières troupes des Cosaques disparurent ainsi que le fameux sapeur russe. Un chasseur à cheval fut repéré dans les montagnes mais une salve d'un sous-lieutenant le fit détaler dans tout les sens. Après cette journée, encore sous lieutenant russe était annoncé. D'ailleurs le lendemain, encore par une troupe de l'EMF mais cette fois venant de la tête de pont, anéanti le ruskkov et enfin, les deux escadres se joignirent. Un moment de bonheur, pour tous les survivants français. Du côté des français, seule la perte d'une compagnie était à déplorer alors que nous ne notions même plus le nombre de mort que subissaient les ennemis.

La réputation, pourtant bien ancré dans la tête des français de leurs attaques éclairs et mortelles était bafoué. Bafoué par les jeunes sous-lieutenants de l'EMF, des recrues ne sachant même pas maintenir le moral de leur troupe, n'étant même pas équipées et surtout n'ayant pas la même expérience. Pourtant, ces jeunes là, ils en avaient dans le ventre. Ils ne se vantèrent même pas de leur exploit mais maintenant l'EMF est devenu un régiment à part entière de la Grande Armée.

Il ne faut pas se reposer sur ses lauriers dit la célèbre l'expression, donc 46 heures après l'escouade s'étant au passage gonflé des renforts de l'EMF, de quelques troupes du 25eme Régiment d'Infanterie ainsi que d'indépendant retraversèrent les montagne pour se rendre sur la plaine au sud des canons de 8 pouces russes.

L'escouade maintenant d'élite, se mis en position d'attaque. À la première attaque, celle-ci ne fit rien d'autre que de blesser quelques russes qui défendaient les canons. La contre-attaque fut vraiment légère donc les troupes étaient fraiches. Le capitaine, encore une fois, décida de penser à un plan. Après plus de 4 heures de travail, il le proposa à ses alliés et élèves mais un des élèves, le sous lieutenant Barron de Larey en décida autrement pensant que le plan préparé par son instructeur était inapte à la situation. Celui-ci, sous le consentement de son instructeur en refit un. Il fut par ailleurs adopté par tous les français dans le secteur. Une tente fut même érigée pour que tous les officiers puissent venir discuter du plan.

Le soir tomba, puis la nuit noire. Alors dans le silence parfait, les troupes de l'EMF s'avancèrent entre les arbres. A 100 mètres des russes, la compagnie de Dami se mis à couvert, des soldats était allongés par terre, d'autres accroupis derrière les arbres. Puis 164 fusils mirent en joue les russes. D'un seul bruit, 164 bouches à feu s'éclairèrent. L'attaque était parfaite. Dami se replia puis un autre cadet de l'EMF juste derrière lui s'approcha et tira deux salves. Sa seconde compagnie arriva juste derrière et elle aussi tira par deux fois. Le rouleau compresseur était en marche.

Une dernière salve sur les russes encore engourdis et stupéfaits et ceux-ci partirent à courant dans tout les sens. Certains même s'empalèrent sur les baïonnettes des fusils français.

Après ça, un sous-lieutenant, le concepteur du plan, se mit en route. Celui-ci chargea baïonnette en avant et détruisit un des canons. Ses hommes épuisé, il monta un camp de fortune, il espérait que les russes tout proches de lui ne le verraient pas puisqu’aucun coup de feu n'avait été tiré pour, justement, ne pas attirer les défenseurs. Une milice, en patrouille, aperçu les français et firent feu à l'aveuglette puis partirent en courant, tel la technique des cosaques. Deux ou trois morts côté français, plus 5 blessés légers et 1 blessé lourd étaient à déclarer. Pas assez pour décourager un vaillant sous-lieutenant. À la première lueur du jour, les français reprirent les fusils et encore une fois en mêlée anéantirent le second canon russe. En une technique appelée « zerk », les russes venait de perdre toute force pouvant attaquer et détruire la forteresse. Leur attaque avait échoué.
Maintenant, la réputation des cosaques n'était plus, la réputation de l'EMF était à son apogée; Napoléon, le général de la Grande Armée ainsi que les chefs de régiments français félicitèrent les jeunes cadets pour leur courage. Dami était fier de sa promotion et sans soutes aurait-t-il la larme à l'œil en voyant partir ses recrues.

Pour aller plus loin, l'EMF tenta de capturer un major des Kasak Voisko mais celui-ci préféra se suicider plutôt que d'être anéanti.
La Grande Armée félicite et remercie: les sous-lieutenants Eugène Boussicot ; Loup Blanc ; mirilis ; Personne ; Baron de Larrey; Ombre de Noblecourt ; le général de brigade et instructeur CROM ; le major Veven ; le Chef de bataillon katsumee du 25eme.
Dami
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Mozart suicidé ?
Au matin du 27 août, une nouvelle a fait frémir les rangs de la Grande Armée : durant la nuit, l'un des Chefs de Régiment les plus connus de la Grande Armée, le Chef de Bataillon Le Bayard, dit "l'Oudinot de l'armée française" (ou le contraire ?), se serait suicidé.
Dans l'après-midi, les faits ont été relatés comme suit par certains officiers français bien placés : le commandant Le Bayard aurait été brutalement mis aux arrêts par ordre d'un membre du Cabinet de l'Empereur, et hurlant au complot et à la trahison, se serait emparé du pistolet de l'un des hommes du Ministère de la Police venus l'arrêter, et, le retournant contre lui-même, se serait tiré une balle dans le crâne. Arrivé quelques minutes plus tard, un chirurgien de la Grande Armée a décrété le commandant Le Bayard mort, peu avant minuit.

Toutefois, de nombreuses personnes mettent en cause cette version des faits, à commencer par les officiers qui étaient aux ordres du commandant Le Bayard.

Tout d'abord, il faut savoir que le Chef de Régiment était mis en cause dans un procès de la Cour Martiale française, avec deux premières dans l'histoire de la Grande Armée : un premier jugement venait de le condamner à sept mois de prison et neuf mois d'interdiction d'exercer une fonction de commandement, et un appel était en cours. La mort du Commandant était donc bienvenue pour éviter de mettre en cause la stratégie du Général de la Grande Armée, qui avait porté plainte, mais aussi pour ne pas voir la première décision de Justice cassée.
Ensuite, l'ordre d'arrestation a été signé, et ce dans l'urgence et donc sans concertation générale, par l'un des pires adversaires de Le Bayard – tant sur le plan organisationnel que stratégique – dont la nomination au Cabinet de l'Empereur avait déjà soulevé certaines contestations.
Enfin, d'aucuns contestent la version selon laquelle Le Bayard se serait suicidé, et avancent plutôt qu'il aurait été sommairement exécuté par les agents au service du signataire de l'ordre d'arrestation. Il est d'ailleurs à noter que le chirurgien convoqué était membre de l'Armée du Rhin, que le commandant Le Bayard désignait ouvertement comme des conspirateurs et des despotes : l'homme de science aurait donc pu, par ordre ou par ressentiment, laisser mourir le commandant sans lui apporter les soins nécessaires.

Le Général de Brigade Frédéric St Sauveur, membre de la Garde Impériale, avait dit en Cour Martiale, quelques mois plus tôt, à propos du commandant Le Bayard, déjà mis en cause dans un procès similaire : "C'est Mozart qu'on assassine". "Mozart" se sera-t-il donc suicidé, ou aura-t-il été vraiment assassiné ?
Cette affaire rappelle étrangement celle survenue près d'un an plus tôt, mais dans l'Armée Russe : le Commandant Yermolov avait été retrouvé mort, dans son bureau, une balle dans le crâne. L'Armée Russe avait publié rapidement un communiqué annonçant que des espions français avaient été exécutés après qu'ils aient été découverts et reconnus coupables du meurtre de l'officier ; toutefois des bruits avaient circulé selon lesquels le suicide avait été camouflé en meurtre, ou encore que ce meurtre était en réalité un ordre d'un officier russe, peut-être même du Tsar lui-même…
Lupus
separateur
L'ultimatum
- "Alors, le « Scribouillard », tu viens encore pêcher des anecdotes ?..."
M'approchant du bivouac où les vieux grognards du bataillon Roscanvel s'étaient réunis, je m'excusais de venir troubler la quiétude de leur soirée de repos. Il y avait quelque temps de cela que je n'avais fréquenté les cagnas, et j'avais besoin d'entendre quelques histoires de soldats pour alimenter mes chroniques.

- "C'est que... la Gazette nous en demande toujours plus... À croire qu'ils ont du papier à écouler... Auriez-vous quelque chose pour moi, Sergent ?"
- "Assieds-toi, j'ai là une histoire qui intéressera sûrement ton patron..."

Le vieux sous-officier que je connaissais bien, tira sur sa bouffarde, se lissa les bacchantes et me gratifia d'un large sourire.
- "Il fait soif... J'ai besoin d'avoir le gosier humide pour une bonne diction", dit-il en me tendant son quart.
Je m'exécutais sur le champ, remplissant largement de rhum le gobelet de terre cuite. Il but à petite gorgées, lentement, prenant plaisir à laisser descendre le fort breuvage ambré qui apaisait mieux que les meilleurs remèdes, les soucis du guerrier après le combat.
Le feu du bivouac faisait danser les ombres sur son visage et apportait beaucoup de solennité à l'instant

- "C'était au début de Septembre", commença-t-il. "On venait de mettre en déroute près de six cent Russes. Trois compagnies d'infanterie et un escadron de hussards qui s'étaient approchés de notre secteur. Un beau combat bien mené comme on les aime au régiment... Le Colonel avait monté une opération avec un autre bataillon et on avait enfoncé les lignes ennemies à la baïonnette, comme à l’entraînement...
Le Colon' passait d'une compagnie à l'autre, félicitant les hommes. « J'aime l'odeur de la poudre au petit matin... », qu'il disait, « Ça sent... la Victoire !... »
C'était son truc au Colon', les coups de mains dans les lignes Russes... Mais tu as l'habitude de mes histoires, hein, « Scribouillard » ?...
On avait les troupes du Lieutenant Frag avec nous. Tiens, il a reçu ses galons de Capitaine-Adjudant Major après cette attaque... Le Lieutenant Frag venait de faire passer une missive au Colon : il restait encore des Russes dans la montagne. Il avait pris des tirs, une salve qui lui avaient couché quelques fantassins lors de l'attaque.
Qui étaient-ils ? On n'en savait rien. Pas une compagnie bien entraînée, assurément... Elle n'était commandée que par un jeune sous-lieutenant.
Mais on ne pouvait pas laisser d'ennemis sur notre flanc. Il fallait faire quelque chose.
Roscanvel réfléchissait. C'est pas que cette compagnie de bleusaille Russe l'inquiétait, mais il se demandait pourquoi elle restait là, seule, isolée dans sa montagne, alors qu'il n'y avait plus rien des lieues à la ronde...
« On va tenter une capture » qu'il nous dit finalement en fin de matinée...
On avait l'effectif pour, mais il fallait regrouper les unités alentours. Pas simple à mettre en œuvre rapidement. Il fallait trouver autre chose.
Roscanvel observait les montagnes à la lunette et appela un des jeunes soldats du bataillon, Le Braz.
« Déshabille-toi ! » lui lança-t-il sans se retourner.
La tête de l'autre ! Il ne comprenait rien et les vieux briscards autour se tapaient la panse de rire !...
« Allons, dépêche-toi » fit Roscanvel, en essayant de garder son sérieux. « J'ai besoin de ton uniforme... Tu as donc des choses sur toi dont tu ne serais pas fier ? Même dans le plus simple appareil, mes hommes doivent être prêts à se battre pour leur Colonel... »
Roscanvel demanda un drap pour faire un drapeau blanc, revêtit l'uniforme de simple soldat car il voulait inspecter lui-même les positions Russes sans être reconnu, et me demanda de l’accompagner.
« On va aller demander une trêve et demander à ce qu'ils quittent le champ de bataille au plus vite... Quel intérêt aurions-nous à massacrer ces pauvres recrues qui savent à peine tenir un fusil ? J'ai décidé de leur laisser une chance... »

- "Ah, il peut en surprendre plus d'un, celui-là ! Impitoyable quand il le faut, pour achever un ennemi dangereux, mais magnanime devant un pauvre « bleu » Russe qui ne comprends rien à la situation et à la guerre... Ces pauvre recrues abandonnées par leur état-major erraient dans la montagne depuis des jours et devaient être à court de vivre et de ravitaillement.
Voici le message que Roscanvel leur avait préparé et que je leur ai lu. Je baragouine un peu le Russe mais il avait tenu à l'écrire en français, langue que tout officier civilisé comprend :

« Sous-lieutenant,
La Gendarmerie Impériale qui vous fait face, salue ici votre courage de vouloir affronter, seul, une dizaine d'unités expérimentées.
Néanmoins, nous sommes prêts à nous montrer magnanimes et à vous épargner car vous êtes la prochaine victime sur la liste (la déroute de 4 compagnies des bataillons Deb et Vendarski vous montre que notre coordination et notre efficacité ne sont pas une légende).
Profiter de votre inexpérience ne serait pas pour nous un trophée glorieux et lutter ici jusqu'à la mort ne servirait en rien les intérêts de votre camp.
En conséquence, je vous propose de rejoindre plus au Nord, le secteur de l'École Militaire Russe pendant qu'il en est encore temps. Envisagez cela comme un repli tactique et non un abandon de poste.
Les vôtres comprendront tout à fait que les circonstances l'exigeaient. Votre capture a été évoquée ce matin en réunion.
Nous vous laissons jusqu'à ce soir minuit pour vous replier. Je m'engage à ne pas ouvrir le feu sur vous si vous êtes à court de mouvement, et si vous offrez de votre côté les garanties de ne pas le faire. Reprenez le chemin de vos lignes à marche forcée, cependant, car nos hommes ont parfois la détente facile et la vue d'un russe isolé réveille parfois nos plus bas instincts.
Nous aurons certainement l'occasion de croiser le fer, plus tard et dans de meilleures conditions, dans un duel où l'honneur de chaque camp sera mieux respecté.
Dans l'attente de votre réponse.
Avec mes salutations dévouées.
Colonel Roscanvel
Duc de Polotsk
Vice-Prévôt de la Gendarmerie Impériale
Ancien Lieutenant-Général de la Garde Impériale »

Voilà la teneur du message que nous leur avons donné, et nous sommes repartis dans nos lignes pour attendre la réponse des Russes.
On a pris des paris... Et je dois dire que j'ai perdu et que je m'en suis plaint au Colon' car faire des salades pareilles pour une compagnie Russe, il n'y avait que lui pour oser faire des choses pareilles... Comme quoi l'honneur de la Gendarmerie Impériale était en jeu et qu'on avait aussi une réputation à tenir, qu'on n'était pas des brigands comme dans certains régiments...
Bref, fallait qu'on s'écrase, et qu'on fasse le poireau jusqu'à la nuit pour que ces petits Russes puissent réfléchir tranquillement s'ils voulaient vivre ou mourir..."

"Alors qu'est-ce qu'il est arrivé ? Comment que ça s'est terminé ?
Ben je crois qu'ils ne savaient pas lire alors ils n'ont pas dû comprendre ce que Roscanvel avait écrit...
Au petit matin, voyant que rien n'avait bougé en face, il n'a même pas adressé un mot à ses officiers. Il a juste fait un petit mouvement rapide de la main, l'air renfrogné, en soupirant, sans même regarder l'adjudant Darrée du peloton de voltigeur qui venait prendre ses ordres.
Le nettoyage a été rapide.... C'est les Gardes Nationaux qui ont fini le travail. On n'a même pas fait intervenir les compagnies d'infanterie..."

"Voilà pour toi, « Scribouillard »... Encore une histoire à rapporter pour ta gazette. Voilà comment on vit et on meurt en Russie..."
Pierre Roscanvel
separateur
Le petit rapporteur
Entente Russo-Anglaise :

Selon diverses rumeurs, un descendant du Roi Georges III du Royaume-Uni et d’Irlande, se serait fait surprendre lors d’une partie de billard avec Emmanuel Dimitrievitch Narychkine, qui n’est autre que la fille du Tsar de toutes les Russies. Particularité de cette partie, les protagonistes étaient dénudés. Lorsque le jeune prince fût escorté à la sortie du palais impérial, il s’exclama : « Nous n’avons rien fait de mal ! Je lui apprenais juste à manier la queue ! ». Maladresse ou vérité, nous n’en saurons pas plus sur cette affaire.

Où est Charlie ? :

Sa Majesté l’Empereur a fort à faire depuis quelques mois sur le front de Russie. La campagne prenant plus de temps que prévu, celui-ci avait décidé de nommer un homme de confiance afin qu’il gère les affaires courantes de la nation et rétablisse la mauvaise situation économique du pays. Cent jours après sa nomination, nous sommes toujours sans nouvelle de lui… On l’aurait aperçu la dernière fois dans un mini-bateau à pédale sur la méditerranée.
James Connolly
separateur
CITATIONS
- Tout le monde est un génie. Mais si vous jugez un poisson sur sa capavité à grimper à un arbre, il va passer toute sa vie à penser qu'il est stupide. (Albert Einstein)

- Mon pouvoir tient à ma gloire, et ma gloire aux victoires que j’ai emportées. Ma puissance tomberait si je ne lui donnais pour base encore de la gloire et des victoires nouvelles. La conquête m’a fait ce que je suis, la conquête seule peut me maintenir. (Napoléon Bonaparte)

- Qu'elle soit nécessaire, ou même justifiée, ne croyez jamais que la guerre n'est pas un crime. (Ernest Hemingway)

- Ce qu'il y a de bien avec les guerres civiles, c'est qu'on peut rentrer manger à la maison. (Jean-Galtier Boissière)

- Ceux qui aiment marcher en rangs sur une musique : ce ne peut être que par erreur qu'ils ont reçu un cerveau, une moelle épinière leur suffirait amplement... (Albert Einstein)
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MÉTÉO
Le soleil de cet été laisse doucement place à la fraîcheur et aux fines pluies annonciatrices du retour du Général Hiver.

Sortez les manteaux et commencez à rationner la vodka qui sera votre seule amie durant cet hiver qui s'annonce des plus froids.
Celsius
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BRÈVES
À la suite de la mort, très controversée, du Commandant Le Bayard, nous apprenons de source douteuse, que ce dernier entretenait une relation très intime avec le Commandant du 25ème RI, le Colonel Rudy alias "Rondoudou". Au nom de la Gazette, nous lui présentons nos condoléances pour la perte de ce compagnon d'arme mais aussi, selon nos sources, de chambrée…
La Rédaction
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PETITES ANNONCES
La gazette de Russie recherche des papoteurs pigistes de toutes nations et confessions, à la plume acerbe et sincère, afin de pouvoir informer ses lecteurs depuis les grandes steppes jusqu'aux rives de la Seine !

Merci au service des Corrections de la GIR qui n'a pas du chômer sur cette 44éme sortie malgré le retard!
La Gazette
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