Gazette de Russie
gazette
21 octobre 1812
ÉDITORIAL
Bonjour à tous et merci d'être fidèles à notre Gazette qui fait paraître aujourd'hui une édition Hors Série !

Vous n'êtes en effet pas sans savoir que nos rédacteurs sont au chevet d'un de leur compagnon, aussi s'excusent-ils auprès de vous.

Pour que vous ne vous ennuyiez pas trop, ils ont cependant pensé à vous : vous avez droit à des récits, réels ou fictifs, de batailles d'illustres officiers.

Bonne lecture à tous !
La Rédaction .
separateur
Récits
Le Major Saint-Hilaire, à la tête de 200 hommes de sa compagnie tient en première ligne depuis trois jours sous un climat menaçant qui ne présageait rien de bon. Le ciel était recouvert de nuages plus menaçant les uns que les autres. Rien de rassurant sachant que les français se trouvaient en face de ses positions.

Durant ces trois jours, plusieurs salves ont été portées sur les français, tuant et blessant une cinquantaine d'hommes. Mais depuis presque une heure, rien ! Le calme total règne sur le front, mélangeant à ce climat une tension de plus en plus forte. La peur commençait à se ressentir dans les rangs de chaque camp.

Les seuls bruits que nous parvenions à entendre étaient vagues et lointain. Sûrement les chariots de ravitaillement qui voyageaient à l'arrière du front, sans aucune certitude.

L'officier russe regarda à sa droite puis à gauche. Enfin un mouvement. Une compagnie de ligne russe passe à l'attaque. Celle-ci se trouve à plus de 200 mètres. Tous les soldats de Saint-Hilaire les virent avancer, s'arrêter et enfin tirer, laissant s'envoler un nuage de poudre. Une dizaine de français tombèrent sous cette salve. Mais ce combat est loin des positions du Grognard et n'a que peu d'importance. Une escarmouche, rien de plus.

Les soldats de la compagnie après avoir tirés se replacèrent en bon ordre mais une nouvelle fois le calme revint, mais d'autres bruits se firent entendre. Ils approchèrent, lentement mais sûrement. Ce qui ressemblait à un brouhaha il y a à peine quelques secondes s'éclaircit et on pouvait maintenant penser que c'était des ordres.

C'était bien ça, des ordres étaient hurlés de l'autre côté du front, mais la distance ne permettait pas encore de les comprendre. Les français et les russes s'observèrent mais aucun mouvement à l'horizon. D'où pouvait bien venir ces fichus ordres ?

Derrière la rivière, les russes pouvaient observer plusieurs petit bois qui recouvraient la plaine environnante. Oui, ils venaient des bois, ils ne pouvaient venir que de là, mais aucun ennemi ne s'y trouvait !

Une pluie battante surgit de nulle part, trempant jusqu'aux os les soldats et sortant le Major de ses pensées. Il pensait à sa fiancée qui était restée chez elle et l'attendait depuis maintenant plus de deux ans. Que pourrait-elle bien faire si le Major Saint-Hilaire venait à mourir ? Si jeune et déjà une vie gâchée par la vie. Triste pensée, mais la guerre ne pouvait contenir que ce genre de pensées. La crainte de mourir et de ne plus voir les personnes qui nous sont chères.

Cette pluie cachait les bruits qu'on pouvait entendre jusque là et diminuer la visibilité de Saint-Hilaire. Il essaya de s'informer en demandant à ses adjudants s'ils parvenaient à voir des mouvements ou entendre quelque chose mais rien !

La crainte et la peur étaient plus que présentes et malgré la pluie on parvenait à la sentir.

Les hommes commencèrent à parler. Certains auraient vu des français bouger mais sous ce déluge, aucun moyen de vérifier ! Soudain un bruit qui venait bel et bien du petit bois : ça ne pouvait être qu'une salve pour qu'on puisse le discerner si clairement malgré cette pluie battante. Un bruit de salve rapidement suivit par des cris de douleur dans les rangs russes. Une petite dizaine de russes gisaient sur la terre boueuse. Pauvres blessés, leurs blessures allaient s'infecter alors que par temps sec, ils auraient pu être secourus. Quelle vision horrible que celle des soldats hurler de douleur en se tortillant dans tous les sens sans que les secours ne puissent arriver.

Une question qui traînait dans toutes les têtes : allaient-ils rester en vie ou non ?

Une deuxième salve surgit alors que la pluie diminuait d'intensité. On pouvait discerner l'unité de voltigeurs sur la gauche qui venait de tirer. Même résultat que la première salve inconnue. La même scène survînt à nouveau, les blessés hurlant de douleur dans la boue.

La pluie avait maintenant cessé entièrement et le ciel se découvrait un peu, laissant apercevoir un paysage de terreur. Tous les rangs russes étaient touchés. Le Major Andof et le Capitaine Orsh vinrent au rapport : une centaine de russes hors de combat. La pluie n'avait même pas durée 10 minutes qu'elle avait suffit pour qu'il y ait autant mort.

Les hommes de Saint-Hilaire entendirent la nouvelle et leur moral en prit un sérieux coup. Lâche que sont les français pour se cacher pour attaquer !

Les hommes essayèrent de retrouver leurs amis qui étaient tombés sous leurs yeux suite à une blessure. Il essaya de les ramener le plus rapidement possible à l'arrière.

Mais ce faisant, on pouvait d'ores et déjà entendre le clairon français sonner la charge et les français crier : CHARGEEEEEZ ! ! ! Voilà alors que des cuirassiers français chargeaient les troupes russes au triple galop sur la compagnie russe. Bien que le terrain ne facilite pas la charge de cette lourde cavalerie, le choc n'en fut pas moins terrible. Les russes qui pensaient avoir un peu de répit pour sauver leurs blessés furent surpris par cette charge. Les cuirassiers français faisaient tournoyer leur sabre au-dessus de leur tête avant de venir frapper les courageux russes. Le combat au corps-à-corps fut meurtrier. Les pertes étaient énormes du côté russe. Les quelques secondes où les cuirassiers restèrent aux corps-à-corps parurent des heures ! Enfin ils partirent, laissant apparaître une compagnie de grenadiers ennemis qui arrivaient au pas de charge. Ils allaient arriver dans approximativement 30 secondes ...

Saint-Hilaire et ses officiers gueulèrent des ordres dans tous les sens pour se préparer cette fois à ce choc inévitable ! Il pouvait observer la couleur des uniformes. À l'origine vert, ils étaient devenus marrons et par endroit noirs de sang.

Les grenadiers arrivèrent enfin et le semblant d'organisation de la compagnie russe s'effondra d'un seul coup. L'ordre était de garder sa position. Ni le Major Andof, ni le Capitaine Orsh ne pourrait envoyer d'homme en renfort pour repousser l'attaque française.

Pris sous l'ardeur des combats, on ne pouvait s'arrêter à compter les morts ou à observer le désastre. Tous les russes s'attendaient à ce que les français sonnent le rassemblant mais au lieu de cela, ils entendirent une autre sonnerie.

C'était de nouveau la charge qui venait de retentir. À peine audible à cause des cris, du choc des armes, la trompette eu toute son importance dans le déroulement des combats.

Sous le choc d'entendre une nouvelle fois la charge, les russes commencèrent à lancer leur fusil et à courir vers l'arrière du front, à fuir vers les tentes. Un si grand sacrifice d'homme pour si peu d'ennemis tués… Le Major Saint-Hilaire se replia, sachant très bien qu'il n'arriverait pas à faire faire demi-tour à ses hommes. Il allait les retrouver à l'arrière du front.

Ces soldats avaient perdu tant de camarades dans cette bataille, et tué si peu de français pour se venger. Ils allaient devoir prendre des renforts aux tentes puis soigner les blessés que les infirmiers auront pu ramener avant qu'il ne soit trop tard, avant de repartir au front.

Mais avant cela, ils avaient tous bien mérités leur ration de bortsch et de vodka, ainsi qu'un bon repos. Les nouvelles recrues, toutes plus jeunes les unes que les autres, étaient arrivées pour servir leur nation, mais aucun ne pouvait imaginer l'horreur de la guerre. En voyant les nouvelles recrues, le Major pensa : « Prenez votre fils de 16 ans, donnez-lui un uniforme et un fusil. Ça fera un parfait soldat ».

Le bilan des pertes étaient arrivés. 100 valeureux russes étaient morts pour à peine une dizaine de français. Comment une telle débandade pouvait-elle être possible ? Le Major Saint-Hilaire allait avoir le temps d'y réfléchir. Le temps nécessaire pour soigner les blessés avant de repartir au front. Le temps nécessaire pour que ses hommes reprennent confiance en eux et retrouvent un semblant de moral.
Saint-Hilaire .
separateur
Récits
RÉVOLTE ET RÉBELLION

Comme à son habitude, Guila s’était encore couché tard et levé tôt. En effet, au fur et à mesure que cette guerre se poursuivait, il perdait de plus en plus le sommeil. Il avait du notamment prendre pendant une période plus longue que prévue le commandement de la Brigade Pelore, ce qui lui avait causé énormément de soucis ainsi qu’une immense fatigue. Depuis; il ne s’en était pas remit et ne dormait plus aussi bien qu’avant. Cela avait une conséquence bien visible sur son visage, qui montrait bien que chaque jour était une lutte contre la fatigue.

C’était donc l’été. Seulement l’été en Russie signifie trois petits mois où la température ne monte que jusqu'à 21° au moment le plus chaud de la journée, et moins de 10° la nuit. Cette situation serait supportable s’il n’y avait pas ce vent glacial, qui le jour vous ravine le visage, et cette humidité la nuit qui vous frigorifie, même sous les couvertures en peau d’ours.

Une aurore d’or :
C’est dans ces contrées hostiles, que le soleil fit son apparition et arrosa de ses premiers rayons l’immensité russe.
Guila, habitué de se réveiller à l’aurore, fit un tour dans le campement. Il passait au milieu des soldats qui chaque soir cherchaient n’importe quoi pour améliorer leur nuit.
Rentrant sous sa tente (privilège qu’il avait obtenu depuis qu’il était devenu Capitaine), il déplia le rouleau de papier mité que nous appellerons une carte.
En effet, seuls les membres de l’EMI possédaient des cartes bien faites et régulièrement mis à jours par les éclaireurs. Guila lui devait se contenter des cartes de seconde main et devait la plupart du temps y ajouter ses propres modifications grâce à ses observations.
Il se dirigea vers l’armoire qui contenait les missives qui lui étaient parvenues dans la nuit. Elles y étaient rangées dans différents casiers en fonction de leur provenance. Comme à l’accoutumée, le casier de l’EMI restait désespérément vide, par contre celui de la correspondance avec les autres chefs de Brigades était plein à ras bords.

La mission :
Il ouvrit une missive qui venait de Le Vicking, après l’avoir lue et consulté sa "carte", Guila sortit et alla réveiller le clairon pour rassembler tout le monde.

Sur l’air de : Soldat lève-toi, soldat lève-toi, viens viiiite… Chacun rejoignit l’espace laissé libre pour les rassemblements, Guila prit alors la parole.

"Messieurs, mes chers camarades, je vous demande de vous préparer en hâte, car l’heure est grave. Je veux que tout le monde soit prêt à lever le camp dans trente minutes !"

Chose facile puisque la seule chose qui prenait le plus de temps était le montage et démontage de la tente de Guila.
Rapidement, la troupe rejoignit le front et se déploya à l’emplacement prévu. Comme à l’accoutumée, les soldats se préparèrent, mirent une nouvelle mèche, remplirent leur cartouchière et burent un dernier coup de boisson vivifiante (mélange de vodka coupée d’eau, aromatisée à la sève de sapin).

Guila s’avança alors devant ses camarades aligné pour la bataille et s’adressa à eux.
"Messieurs vous pouvez comme moi apercevoir l’ennemi. Ces russes sont nombreux mais dois je vous rappeler que nous les avons battus plus d’une fois alors que nous étions en infériorité numérique.

(Guila saisissant son sabre)
"BAÏONNETTE AU FUSIL, À LA CHARGE !…"

Révolte et rébellion :
C’est alors que chose inouïe, aucun des soldats ne bougea de sa position. Guila, d’abord intrigué, répéta haut et fort.
"À LA CHARGE !"
Ce fut à ce moment que quatre soldats rompirent les rangs. Trois d’entre eux pointèrent leur fusil vers l’officier tandis que le quatrième s’adressait à lui.

"Mon Capitaine, je parle ici au nom de tout mes camarades.
Nous luttons depuis des mois, dans ce pays maudit et contres ces pirates sanguinaires que sont les russes. Nous avons fidèlement et bravement endurés le froid hivernal et la neige. Notre toubib a essayé avec peine de combattre les gangrènes de nos camarades blessés et décédés depuis.
Nous avons supporté la faim, et quand enfin la victoire nous semblait à portée, nous devions encore aller de l’avant; marchant toujours marchant, mais dans quel but ?
Ce que nous avons gagné je vais vous le dire, la mort de nos camarades, des ampoules en été et des engelures en hiver, la gangrène, chaque jour quand ce n’est pas la maladie, le froid, la fatigue ou les trois qui nous emportent, nous petit soldats de plomb que nous sommes, ce sont les balles des Russes.
Nous sommes oubliés par un Empereur qui ne se soucie plus de nous. Cela fait maintenant plus d’un an pour beaucoup trop d’entre nous que nous n’avons plus revu nos familles. Cet espoir est bien souvent oublié car peu restent vivants assez longtemps pour penser à leur famille.
Toujours nous repoussons les limites du front russe, mais quel est donc notre objectif ? Si ce n'est nourrir la soif de sang de notre vampire d'Empereur ?".

Et après un instant d'un silence pesant
"Soldats, emparez-vous de notre Capitaine et ligotez-le à un arbre !"

L’attente :
Petit à petit, les heures de la nuit s'écoulaient et les étoiles s'éteignaient les unes après les autres, laissant place à l'aube naissante.
Notre lieutenant avait désespérément attendu l'arrivée de renforts, mais personne n'était venu. Il pensait alors à sa première fiancée qui l'avait quitté pour un bellâtre de noble, lorsqu'un de ses soldats l'apostropha:
"Alors... Heu… Mon Capitaine ? Vous voyez ? Vous êtes toujours parmi nous. Ce qui veut dire que vous avez été abandonné par votre État-Major. Comment voulez-vous que nous, simples soldats, soyons écoutés quand même un gradé est lâchement oublié par ses supérieurs ? »
Sentant toute l'animosité que ce soldat avait accumulée depuis qu'ils avaient posé les pieds sur le sol russe, le Capitaine se contenta de baisser la tête et de ne rien dire.

Le tout pour le tout :
C’est ainsi que Guila vit pour la seconde fois en moins de trois jours le soleil arroser des ses rayons dorés la contrée encore brumeuse.

Voyant que plusieurs soldats se dirigeaient vers lui, Guila tenta le tout pour le tout et s’adressa à eux. Il savait en effet qu’il ne pouvait compter que sur lui-même et n’espérait plus de secours de personne.
"Camarades, mes chers amis, je comprends votre haine et votre désespoir. J’ai moi aussi été à votre place et vous je comprends peut être plus que vous-même. J’ai moi-même douté de bien nombreuses fois envers notre Empereur, mais je vous prie, rappelez-vous comment était notre pays et notre armée avant que notre Petit Caporal ne monte à sa tête.
Dois-je vous rappeler que nous étions chaque jour oppressés par ces vampires de nobles qui nous laissaient dans la misère la plus totale. Depuis que Bonaparte nous dirige, n’avons-nous pas gagne la liberté, ne sommes nous pas égaux ? Le noble d’hier est oblige aujourd’hui de travailler et d’endurer la souffrance humaine. Depuis que notre Empereur dirige notre armée, n’a-t-il pas libéré grâce à nous nos voisins qui eux aussi subissaient le joug des nobles oppresseurs ?"

Patriotisme et rêves illusoires :
"Aujourd’hui notre Empereur nous fait endurer des situations difficiles, mais c’est encore une fois pour libérer nos amis russes. Oui, je dis Amis car j’espère bien qu’un jour nous échangeront avec eux des coups à boire plutôt que des coups de fusils. Est-ce que l’on ne le fait pas déjà avec nos voisins allemands, italiens et espagnols ?
Est-ce que le fait de voir enfin tous les peuples de notre cher continent tous unis, n’est-il pas la plus belle des récompenses ? Car si cela est possible, c’est uniquement que par nous tous qui auront vaincu par les armes ceux qui s’opposent à la Liberté des gens comme nous."

Après un silence que seul rompait le gazouillement des oiseaux, Guila se remit à parler :
"Notre bien aimé Empereur n’a-t-il pas dit un jour « Mon peuple vous reverra avec joie, et il vous suffira de dire : "J'étais à la bataille d'Austerlitz", pour que l'on réponde "Voilà un brave !"
Alors messieurs, tous ensembles disons (les soldats qui petit à petit voyaient leur cœur réchauffé par le discours patriotique de l’officier se mirent tous alors à dire avec force et conviction) :
Vive l’Empereur ! Vive l’Empereur et notre chers pays !
Vive le IVème CA ! Vive le IVème CA et gloire à tous ceux qui ne sont plus !
Et gloire à tous ceux qui sont encore là !
Certains sont derrière l’Empereur et nous, le IVème CA, nous sommes devant !

Alors messieurs tous à vos fusils, allons libérer nos frères de l’oppression de ce Tsar qui s’engraisse sur leur dos."

Une fois libéré, Guila se mit à la tête de ses troupes et tous engagèrent le combat. Il y eut des quelques morts et beaucoup de blessés, autant dans un camp que dans l'autre.
Guila .
separateur
Récits
Cette journée avait mal commencée. La vieille Garde défendait Polostk avec hargne, mais les assiégeants montraient la même fougue pour s’emparer des maisons. Les grenadiers de la 13306ème du Bataillon du Mercantour avaient subit des pertes de valeur. Les vétérans qui la composaient tombaient tous peu à peu dans ces quartiers mal famés.
La vue de ces quartiers misérables composant le nord de la ville n’était pas là pour arranger les choses. Les toits des maisons, quand ils n’étaient pas détruits par les boulets, fuyaient et la pluie s’infiltrait pour faire de ces taudis de véritables pataugeoires où dormaient les grenadiers de la Vieille Garde. Ainsi, lorsque l’Empereur venait inspecter le champ de bataille, les grenadiers commençaient à grogner. Le souvenir de l’affreuse campagne de Pologne commençait à hanter les esprits. Les boues de Polostk n’étaient pas une légende et les images de soldats se brûlant la cervelle avec leur fusil afin de ne pas connaître la noyade dans la boue commençaient à revenir, et aussi impressionnant que cela puisse paraître, ces images datant de cinq longues années semblaient encore très proches.
Léopold (adjudant commandant les fusiliers de la 13307ème) arriva et entra dans la tente.
- Commandant, mes hommes sont prêts à charger.
- Et le moral de tes soldats ?
L’adjudant fit une grimace.
- Comme les tiens...
-Diantre !
Les grenadiers ne chargeraient pas lors de la prochaine sortie, c’était évident. La défense d’une ville en ruine ne les réjouissaient pas et de voir tomber leurs camarades aussi loin de leurs frontières encore moins.
- Major, tu sais ça me rappelle l’Égypte
- À moi aussi. Arghentur sourit à ce souvenir
- On aura vraiment fait les extrêmes, la chaleur du désert au froid des steppes... Tout en étant aussi loin de la métropole.
- L’Empereur pourra se présenter comme le plus grand voyageur du XIXe siècle.
- Et ses soldats aussi...
À part les officiers et quelques vétérans, ce souvenir n’était pas partagé par tous les grenadiers. Le Major sortit et se dirigea vers les baraques où s’abritaient les soldats, la pluie tombant afin de compléter ce tableau misérable. Les grenadiers se mirent debout à l’arrivée de l’officier qui se dirigea vers la fenêtre, enfin si on peut appeler ce trou dans le mur une fenêtre... Les feux de bivouac commençaient à s’éteindre, l’arrivée de la lumière signifiait une reprise des hostilités. Le Major reçut une missive : les Russes venaient de prendre position dans les faubourgs, à l’extrême est. La pluie tombait de plus en plus et produisait une musique lugubre en tapant sur le toit.
Il était temps d’aller au-devant des Russes. Aussi, appuyé sur la fenêtre le Major prit la parole :
- Soldats ! Nous nous battons maintenant depuis 25 ans, vous qui vous êtes porté volontaire en 1789 pour aller défendre la France. Vous avez repoussé les armées de toutes les monarchies, vous êtes allés en Égypte, en Italie, en Autriche, en Espagne et nous voici maintenant en Russie. Alors que nous avons connu le sable, la roche des Pyrénées et la neige des Alpes c’est maintenant, alors que nous sommes confrontés aux immenses steppes, que vous voudrez reculer ?
- Nous ne sommes plus si jeunes commandant La remarque provenait du plus vieux grenadier qui était avec le Major depuis la 1ère campagne d’Italie.
- Et alors ? Vous avez gagné en expérience. Vous êtes les soldats les plus expérimentés de la Grande Armée, face à ces conscrits russes que le Tsar a levé à la va-vite pour nous faire face et qu’il envoie maintenant en 1ère ligne face à la Garde Impériale. Et c’est vous qui hésitez ? Vous qui avez repoussé les vétérans russes à Austerlitz, vous qui avez détruit les derniers à Friedland. Que diable ! Vous êtes les grenadiers de la Garde, oui ou non ?
La question claqua dans l’air et les grenadiers opinèrent. Le major jeta un œil à la fenêtre où un arc en ciel avait pris place dans le ciel. Il s’approcha du porte drapeau. De sa main droite il sortit son sabre et de l’autre, il se saisit du drapeau.
- Osez me répondre non et j’ôte l’aigle de ce drapeau !
Cette fois les grenadiers hochèrent la tête et le Major les entraîna dans la plaine où le soleil commençait à percer les nuages.
- Grenadiers, les coquins russes sont face à vous, sortez vos baïonnettes et rangez vos balles ! Comme à Eylau, repoussons ces Russes à la baïonnette. En face de vous se trouvent peut-être des conscrits ou alors les derniers vétérans survivants de Friedland. Dans un cas comme dans l’autre, nous nous devons de les repousser hors de Polostk ! L’Empereur est au Palais, laisserons-nous les Russes s’en approcher ?
Et sans laisser aux grenadiers de répondre Léopold cria :
- Soldats, baïonnette au canon ! En avant, marche !
La colonne s’ébranla au son du tambour. Sabre au clair, le Major se tint au coté des grenadiers. À la vue des fusiliers russes dans la rue, le rythme se ralentit. Sans réfléchir, le major agita le drapeau et hurla :
- Chargez !!!
- Vive l’Empereur !, fut la réponse des grenadiers
Le contact fut terrible. Les russes furent repoussés quatre rues plus loin avec des pertes terribles, mais les unités russes embusquées tirèrent par les fenêtres et les grenadiers durent se replier en subissant quelques pertes. Ordre fut donné d’occuper les maisons un peu au sud afin d’empêcher les Russes de contourner la Garde.
Les grenadiers, fiers de leur charge, s’installèrent aux cotés de camarades à qui ils racontèrent leurs exploits. Réels ou fictifs ? Nul ne le saura jamais ...
Argenthur .
separateur
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La Rédaction
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