Carnet de Campagne d’un bataillon français

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Carnet de Campagne d’un bataillon français

Message par vétéran Antoine de Froiss » Jeu Mars 15, 2007 3:55 pm

Gendarme Jacques Briant, 878° Compagnie.


Voilà un peu plus d’un mois maintenant, que nous foulons le sol russe en nous rapprochant chaque jour de la capitale, Moscou. Ces paysages d’un blanc immaculé –la plupart du temps- me rappellent mon Vercors natal, avec ses vallons, ses montagnes, ses sentiers et un voile laiteux recouvrant tout à perte de vue, l'hiver.

La compagnie avance à grands pas et nous sommes sans doute encore les seuls au niveau du village central à être encore tous regroupés. Tout autour de nous nous voyons des morts dégagés vers l’arrière du front et nous mesurons notre chance à chaque instant. A combien de reprises ai-je cru que les coups de fusils échangés risqueraient d’attraper l’un de nous ? Ces grandes chaumes nous offrent une bonne protection, mais nous ne sommes jamais à l’abris d’une balle perdue, cela s’est déjà vu et se verra encore, je le crains.

Fort heureusement que nous ne sommes pas obligés de combattre sur l'avant de la scène comme des compagnies de ligne. J’ai encore du mal à me dire que cela est un des rares privilèges à être dans la gendarmerie, et bien que les jeunes recrues trouvent que réguler les arrivées des renforts ou faire respecter l'ordre soit une grosse corvée, je préfère encore de loin ceci que mettre un gendre sous le nez des russes et qu’il soit touché, lui ou un autre membre de la 878° ou 879°.

Nous nous étions promis de tous partir entier de Montpellier et d’y retourner une fois cette campagne finie et pour le moment cela semble être sur la bonne voie. Nous avons entendu dire que les russes comptaient quitter le village à cause de la pression française, j’en suis plus que soulagé.

Jusqu’à présent, j’ai rarement du utiliser mon arme, et je ne suis pas sûr qu’un seul de mes tirs ait fait mouche. Peut-être que la chance tournera et que j’arriverai à faire vaciller les rangs ennemis en quelques tirs bien placés dans la tête d’un chef de compagnie.

Quoiqu’il en soit, nous n’avons rien à signaler aujourd’hui. Nous verrons cela dans quelques jours et j’espère que Bruno réussira à prendre la relève de la famille au cas où il m’arriverait quelque chose.

Etant donné que ce cahier est destiné à tout le bataillon, je vais peut-être m’arrêter là et laisser à d’autres le soin d’écrire notre aventure dans les terres de Russie.

Pour la France, Pour l’Empire, Pour l’Empereur !
Dernière édition par vétéran Antoine de Froiss le Sam Avr 28, 2007 2:59 pm, édité 1 fois.
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Message par vétéran Antoine de Froiss » Sam Mars 17, 2007 4:14 pm

Gendarme d’Elite Gontran Papa, 878° Compagnie.

Nous en aura fallu du temps, fichtre ! Plus d’un mois avant de pouvoir engager l’ennemi comme il se doit et lui faire mordre la poussière. La 879° avait déjà envoyé deux compagnies adverses au tapis, il fallait que nous fassions nos preuves, et quelles belles preuves !

Le village semble maintenant dégagé, quelques russes sont présents, certes, mais semblent fuir comme des chiens fous le champ de bataille, il va sans dire que nous faisons tout pour qu’ils reculent, le plus tôt et vite sera le mieux. Le Sous-Lieutenant nous a dit que nous avions été impeccables, il est vrai que nous avons abattu environ une trentaine de russes, d’ailleurs, si c’est moi qui suis à la plume, c’est bien parce que j’ai été le dernier à tirer et à toucher l’Officier adverse. Les camarades m’ont dit que mon tir avait fait mouche, en plein dans le museau du russe ! V’la une bonne nouvelle pour le moral.

Maintenant, on nous dit de préparer le campement, aux abords du village. J’aurais préféré être à l’intérieur d’une de ces maisons plutôt que devoir rester dans le froid à organiser le front avec les autres ! Mais bon, on est Gendarme ou on l’est pas, moi je me suis engagé, c’est bien parce que j’en avais envie, ‘bon gré, mal gré’.

J’ai fini ma page, je vous laisser le cahier à d’autres qui auront envie d’y écrire à l’intérieur l’histoire de notre bataillon et qui sait, peut-être ces écrits resteront dans l’histoire !

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Message par vétéran Antoine de Froiss » Jeu Mars 29, 2007 9:54 pm

Gendarme Bertrand Carles, 879° Compagnie.

Aujourd'hui, la 879° Compagnie de Gendarmerie vient de prouver sa valeur au combat ! J'espère que cela perdurera le plus longtemps possible, en compagnie de la 878° à côté de nous. Chaque homme du rang se sent pousser des ailes au fur et à mesure des combats. Malgré les pertes occasionnées alentour, nous n'avons toujours perdu aucun homme, à croire que Dieu nous protège ! Pour le moment, l'aventure russe se profile donc sous les meilleures auspices, mais je préfère arrêter là plutôt qu'apporter le malheur.

Toujours est-il que nous sommes prêts à nous battre le plus farouchement possible. Fort heureusement, nos journées ne sont pas monotones et nous avons toujours de quoi faire ! Il est bien étrange de nous entendre dire cela, mais je préfère donner des consignes à des soldats égarés ou à en interpeller plutôt que de rester dans le bivouac à attendre que le temps passe en me sentant envahit par le froid.

Comme mes camarades, je suis bien las de ces paysages. Nous parlons tous du printemps qui serait revenu dans le Languedoc ! Décidemment, après deux ans où l'hiver a perduré, il a fallu que nous partions à la guerre pour que le beau temps soit revenu si tôt.
J'espère que cette campagne finira bientôt, on dit que l'Empereur est en train de mettre en déroute une armée russe loin au nord et qu'ils poussent vers Moscou. Peut-être aurons-nous la chance de rentrer avant la fin de l'été pour pouvoir profiter du soleil, bien que l'on dit qu'ici les mois de Juillet et Août soient très farouches.

Je dois retourner auprès des autres, visiblement nous avons reçu des ordres. Je termine juste cette feuille en embrassant bien fort toute ma famille et en saluant ceux qui liront ceci de combattre auprès de moi, chaque jour durant !

Pour la France !


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Message par vétéran Antoine de Froiss » Mer Avr 11, 2007 5:51 pm

Gendarme Jacques Briant, 878° Compagnie.


Saloperie de journée ! Les russes nous ont tendu une embuscade et Bruno a du être renvoyé au camp pour y recevoir des soins. Le gamin s'est bien battu, mais il ne pouvait rien faire contre des tirs surtout lorsqu'il ne s'y attendait pas. Mais la réponse aura été cinglante, dès lors que nous avons été attaqué, le Sous-Lieutenant nous a sommé d'attaquer, de mémoire, je crois que six salves sont parties en moins de temps qu'il en faut pour le dire, d'ailleurs, les russes tombés étaient bien plus nombreux que les nôtres, Dieu en soit loué !

La nuit a été terrible, d'ailleurs. Cela faisait deux mois que nous n'avions eu aucune perte et d'un coup c'est un quart de nos hommes qui flanchent ! Je parlais d'une vilaine chance, elle aura tourné dans le mauvais sens mais je sais qu'un jour où l'autre, les russes en paieront le prix.

Aujourd'hui tout est calme, aucun coup de feu n'a été tiré depuis le début de la matinée. Nous avons passé en revue les hommes de la 878° et de la 879° avec un autre Gendarme et nous voyons bien que tout le monde désire venger les tombés ou les blessés. Le bataillon est certes moins garni en hommes, ceux qui sont présents ont pour seule idée la défaite du camp russe !


Camarades, si vous me lisez ce soir au coin du feu, sachez que je suis maintenant plus fier encore de porter les couleurs impériales de la Gendarmerie ! Nous avons été attaqué alors que nous préparions nos paquetages, que nos armes étaient à terre, les russes vont désormais passer de très mauvaises nuits à craindre notre retour dans leur dos, car il sera effectif, parole de Gendarme !



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Message par vétéran Antoine de Froiss » Sam Avr 28, 2007 3:07 pm

Adjudant Pierre-Marie Lizeaux, 880° Compagnie.

Aujourd'hui est un grand jour, malgré la pluie et l'intensité des combats qui continuent sur le champ de bataille. En effet, l'Officier de Dare vient être promu par l'Empereur en personne pour son travail efficace. D'ailleurs, il s'est présenté de lui-même à notre bivouac afin de féliciter les Gendarmes pour leur travail et leur dévouement à la cause française, ainsi que pour s'entretenir des maries-louises qui n'en font qu'à leur tête avec l'estafette de notre tout nouveau Lieutenant.

Le moral n'a jamais été aussi bon dans le bataillon et d'ailleurs, l'Officier de Dare a eu l'autorisation de prendre une compagnie de voltigeurs et m'a placé à leur tête. Une lourde responsabilité, mais l'importance est cruciale et il me l'a bien fait comprendre.

Ainsi donc, je servirai avec mes hommes d'éclaireur sur le front et m'attaquerai en cas de besoin aux unités russes trop hardies qui iraient jusqu'à s'approcher d'un peu trop près de nous.

La Gendarmerie s'accroît un peu plus chaque jour, apportant avec elle la Droiture et l'Honneur, que Dieu préserve ces valeurs.

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Message par vétéran Antoine de Froiss » Ven Juin 01, 2007 4:58 pm

Adjudant-Chef Pierre-Marie Lizeaux, 880° Compagnie de Voltigeurs de la Gendarmerie Impériale.

Voilà maintenant un bon mois que ce carnet a été mis de côté et pourtant, beaucoup de choses ont bougé sur le front. Le fait de ne pas voir les pages noircies par l'encre de nos hommes est bien la preuve que les tâches ne manquent pas, en premier lieu en ce qui concerne de travail administratif.

Si le Lieutenant de Dare a bien légué son rôle à la tête de la 878° Compagnie à Louis Loisot, ce n'est pas pour rien ! Cependant, les faits sont désormais avérés, la route vers la victoire nous est grande ouverte, il ne nous reste plus qu'à nous y engager.

Si les changements ont lieu à grande échelle sur le front avec un recul français puis une poussée de ces mêmes hommes, la Gendarmerie Impériale connait aussi quelques chamboulements, en particulier avec l'arrivée de nombreux renforts sur le champ de bataille. Ces derniers font preuve d'un sérieux et d'une rigueur qui montre bel et bien la notion de droiture et d'excellence de la Gendarmerie Impériale, d'ailleurs, l'Officier de Dare devrait être promu Capitaine Adjudant-Major d'ici quelques jours, lors d'une réunion avec l'Empereur.

Les bruits courent qu'il pourrait devenir Général, c'est tout ce que je peux souhaiter pour notre Armée. Bien qu'il soit décrié par bien des commandants, il semble user de toute son énergie pour nous apporter la victoire, que Dieu le garde longtemps parmi nous !

L'Officier de Dare compte me donner, une fois sa promotion faite, la direction d'un groupe de Gendarmes montés, en espérant que je continue mon travail sur le front avec plus de facilité grâce aux montures. Tant que je peux garder quelques cartographes sous le coude et que je peux remplir mon travail, je ne pose aucun problème.

Je servirai l'Empereur, quoiqu'il advienne,

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Message par vétéran Antoine de Froiss » Jeu Juin 07, 2007 7:29 pm

Adjudant-Major Antoine de Foissac, Officier de Liaison de la 880° Compagnie de Ligne de la Gendarmerie Impériale.

Je prends la plume une nouvelle fois, à la demande de mes hommes, pour rendre un dernier hommage à nos gendarmes morts pour la Patrie.

Cela fait un peu plus d'une semaine désormais que les combats s'intensifient et que les hommes de l'Officier de Dare veulent montrer à tous qu'ils ne restent pas à l'arrière du front à attendre que la victoire nous soit acquise. Pour cela, ils sont prêts à mourir au combat faisant passer leurs familles loin derrière leur devoir de soldats de la Grande Armée.

Je souhaite donc une nouvelle fois écrire leur bravoure et que ces mots restent le plus longtemps possible dans l'histoire. Ces hommes à l'image de tous les braves morts au combat, sont partis en croyant fermement que leur action était juste et je leur donne entièrement raison. C'est donc pour tous ces français que je porterai haut les couleurs de la nation et celle de la Gendarmerie et que je ferai en sorte de nous conduire jusqu'à Moscou.

Aujourd'hui encore, les gendarmes de la 878° Compagnie de Ligne de la Gendarmerie Impériale se sont illustrés dans de violents combats. Le Général avait donné pour ordre à ses hommes de partir reprendre le moulin où le drapeau russe était en train de flotter. Depuis notre arrivée dans les plaines russes, jamais nous n'avions eu à aller combattre au corps-à-corps de la sorte et malgré le sous-nombre de la compagnie, la bravoure et l'envie d'en découdre fut plus grande. Deux assauts successifs suffirent, la vague française ayant sitôt fait de bouter les derniers russes qui espéraient encore tenir le bâtiment bien longtemps.
Bien évidemment, lorsque le drapeau tricolore fut hissé en haut du bâtiment, la fierté ne put qu'envahir tout le bataillon et les hommes, galvanisés par cette victoire sont désormais prêts à aller de l'avant voire même à affronter seuls le corps russe face à eux.

La France saura reconnaître ses méritants et tous ces braves, lorsqu'ils rentreront chez eux pourront dire qu'ils auront été de ceux ayant écrit une page d'histoire en affrontant Alexandre Ier et en lui affligeant une défaite sans précédent. Je crois itrès profondément en notre victoire et je ferai tout mon possible pour faire de ces mots la réalité.

Messieurs les Gendarmes, vous qui lisez désormais ces pages, sachez que jamais un officier n'aura été aussi fier de commander des hommes que je ne le suis aujourd'hui. Vous avez su montrer tout ce que représente la France et les valeurs fortes qu'elle porte avec elle. Mes Gendarmes, je suis fier de vous et j'espère continuer l'aventure russe en votre compagnie le plus longtemps possible.

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Message par vétéran Antoine de Froiss » Mar Juin 12, 2007 11:10 am

Gendarme Guy Marmathre, 879° Compagnie.

Voilà, ces salopiauds de russes nous ont attaqué comme du bétail. Cinquante hommes tués et tout autant de blessés, pourtant le moral n'a jamais été aussi bon, allez comprendre ! Paraitrait qu'on aurait bientôt l'appui de cavalerie, c'est peut-être pour ça qu'on a descendu du cognac par tonneaux entiers, sans oublier mon bon muscat qui me suit et me tient chaud la nuit.

Ah, ces russes ! Quelles belles grandes gueules. Je ne sais pas si ça hurle plus quand ça part à l'assaut ou quand ça fuit. De toute façon, dans le deuxième car, ils n'ont pas à beugler dans leur langue de sauvageons trop longtemps, il nous faut juste le temps de recharger pour qu'ils la ferment.

Si je suis colère ? Tudieu, non ! Juste qu'on a fêté la promotion du Général, comme bien souvent entre nous, ainsi que la poussée sur notre front. Je ne comprends pas ces barbares, on leur apporte l'Empereur et eux nous tirent dessus, c'est à n'y plus rien comprendre !

Je ferais mieux de finir là faute de quoi je risque de gribouiller le papier encore pour longtemps.

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Message par vétéran Antoine de Froiss » Mer Juil 25, 2007 9:50 pm

Cartographe Bernard Chauvron, 880° et 7275° Compagnie.

Voilà plus de huit mois maintenant que nous avons quitté la Patrie, laissant femme et enfants derrière nous, espérant rentrer pour les retrouver. Cet espoir diminue chaque fois que l'un des nôtres tombe au combat, mais il persiste au fond de nous même et provoque ce courage et cette envie d'en découdre. Par analogie, on pourrait dire que c'est comme l'animal blessé, qui au lieu de fuir tente de blesser à son tour voire même de tuer. A posteriori, on dira que nous sommes fous de jouer avec nos vies, mais nous savons qu'elles ne valent pas grand chose sur cette Campagne.

Pour cause ! On dénombrerait plus de 100'000 tombés d'après le Bureau Logistique et Cartographique. Ce n'est plus une bataille, c'est une boucherie, ce n'est plus une Campagne, c'est l'entrée des Enfers ! Je suis navré du parjure, lecteur, mais je trouve quelque peu ignoble de voir autant de tués pour si peu de gains sur le terrain. Pour tout dire, si vous -j'entends pas là ceux dont j'ai lu les écrits- êtes soldats, je suis pour ma part un cartographe, tirailleur et voltigeurs, mais je reste un cartographe de formation et cette campagne est pour moi la première.

Il paraît que l'on ne se fait jamais aux horreurs de la guerre, et pourtant, combien sont heureux de voir des russes tapir le sol, allant jusqu'à sauter sur leur dépouille comme s'ils étaient un lit douillet que l'on souhaite essayer avant d'y coucher ? Peut-être est-ce leur façon de trouver du courage et de poursuivre, peut-être est-ce pour eux le moyen d'y voir la fin de la Campagne, mais je n'en sais rien.

Je m'égare bien souvent lecteur, peut-être trop, même ! Si j'ai pris la plume depuis la Caserne de la Gendarmerie, c'est pour inscrire dans ce carnet les faits notables qui ont quelque peu ébranlés notre armée. L'Etat-Major, longtemps vu par beaucoup comme un édifice complexe qui forçait parfois le cumul des postes a changé, de par son organisation. On ne voit pas de grands bouleversements, mais le travail des premiers sera poursuivit par les nouveaux et certains anciens resteront là à aider les novices dans l'art du Commandement ou de la Justice.

Oui, le Général de Dare n'est plus Général mais recouvre un statut qui semble lui aller à merveille. Il est plus souvent avec nous désormais, lance même des attaques dévastatrices dans les rangs ennemis ! Pour dire, on entendait encore hier la manoeuvre d'attaque de l'ennemi jusqu'à en anéantir le commandement et encore aujourd'hui fut remise la chose, et pourtant, les compagnies en face sont bien garnies !
Finalement, je pense que le Major de Dare -car tel est son nouveau grade- restera quelqu'un de mystérieux jusqu'au plus au point.

Ca me rappelle une histoire d'un homme de chez moi, qui... Je m'égare une nouvelle fois.

Je me suis moi-même coupé l'envie de poursuivre en m'auto-censurant, peut-être pourrez-vous, lecteur, m'en remercier.

A en voir les précédentes pages noircies par nos valeureux camarades, il faut signer, soit.

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Re: Carnet de Campagne d’une compagnie française

Message par vétéran Antoine de Froiss » Dim Sep 23, 2007 2:19 pm

Adjudant-Major Antoine de Foissac, 879° Compagnie.

Beaucoup de choses sont à dire dans notre carnet de campagne, bon nombre d'entre elles vont déranger, certaines faire hurler jusqu'à en devenir aphone, mais ainsi est faite la Guerre. Je souhaite débuter cette page à la mémoire d'un sergent fidèle, qui aura sacrifié sa vie en gardant à chaque instant les notions de Respect, de Droiture, d'Honneur et en se souvenant que la Loi était reine de toutes les situations.

A Mr Jacques Briant, Sergent de la 878° Compagnie de Ligne de la Gendarmerie Impériale.


Depuis une semaine, les choses ont changé du tout au tout au niveau de l'organisation de la Gendarmerie ainsi que celles plus générales, du camp français. Je commencerai par rapporter la situation de notre Etat-Major. Aujourd'hui, quatre de ses membres sur les cinq qui la composent ont déposé leur démission devant l'Empereur et n'ont pas même attendu qu'elle soit acceptée pour se décharger de leurs dispositions.

Clément, comme toujours, à lui aussi fait dans l'excès. Il a tout d'abord brûlé tous les exemplaires du Code Militaire qu'il avait six mois à rédiger d'une plume aguerrie, s'est ensuite occupé de libérer tous les prévenus qui attendaient leur libération dans les geôles et a fini par se défaire de son poste à l'Etat-Major, alors que les officiers Jean Bailly, Jean de Lorensac et Lassalle faisaient de même.

Il nous est ensuite revenu tout sourire, en nous lâchant un: "On va enfin foutre sur la gueule des russes réunis", sans pour autant nous apporter plus d'éclaircissements. A ce moment là, nous ne savions pas ce qu'il se passait en coulisse et malgré mes nombreuses questions, aucune réponse ne pouvait me permettre d'en apprendre plus.

Dès lors, le lendemain, il avait réuni tout son bataillon, 550 hommes dans la cour de la Caserne et après avoir entonné son chant préféré, venait nous apprendre la disparition des valeurs de la République Française sur le sol russe. Il venait de nous dire qu'après avoir passé huit mois à tenter de rendre la Justice il avait décidé, comme ses camarades, de se soustraire à ceci.
Bien évidemment, son annonce fut accueillie avec surprise, parfois avec indignation, mais son argumentaire ramena le calme dans les rangs, jusqu'à ce que tous l'acclament. Finalement, il venait de convaincre ses hommes de défendre la France d'une toute autre façon, " en paliant à l'incompétence des autres régiments " en combattant avec le reste d'une " Gendarmerie Impériale regroupée autour de son Grand Prévôt ". Ceci fut dit avec une telle ferveur que très vite, les cris de joie remplacèrent les griefs et insultes.

Pour la première fois depuis son arrivée sur le sol russe, la Gendarmerie Impériale ne serait plus à compter comme un régiment de soutien régulier, voire peut-être même, plus quand un régiment de l'Armée.
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Message par vétéran Antoine de Froiss » Mer Oct 24, 2007 1:34 pm

Capitaine Clément de Dare, à la tête de : la 878°, 879° Compagnies de Ligne, 880° Compagnie de Voltigeurs, 7275° Escadron de Cavalerie, 10690° Compagnie d'Artillerie.

Voilà quelques jours que mes hommes et moi-même sommes retournés en arrière du front pour prendre le temps de nous reposer. Cela faisait bien longtemps que nous n'avions pas pris du temps pour nous, que nous n'avions pas goûté au calme et au silence que l'on retrouve dans les lignes arrières. Nous n'étions pas loin du front, non, mais assez tout de même pour nous sentir en sécurité et pour nous laisser aller, un peu.

On a eu le temps de discuter, de manger un bout tous ensemble, de revoir un peu notre façon de combattre pour être plus unis que nous le sommes. Certains sont avec moi depuis que nous avons quitté la Bavière, ces braves supportent depuis tout ce temps mes coups de gueule, mes énervements et les attaques de ces moujiks que rien ne ferait crever à part du plomb bien placé.

Je suis fier aujourd'hui et je m'en rends bel et bien compte. Je suis fier de tous ces gendarmes qui servent l'Empire sans attendre la moindre reconnaissance, je suis fier de ces hommes qui combattent sans rechigner, qui voyant partir à ami à eux vers d'autres cieux gagnent en vigueur et en envie d'envoyer dix russes pour venger leur camarade, je suis fier des officiers avec lesquels je combats. Mais tout n'est pas devenu rose.

Depuis que nous combattons enfin ensemble, créant ainsi une force de frappe supplémentaire sur un front, permettant ainsi d'asseoir un peu plus la détermination française sur les bords de Glarnyroksy, on reçoit de la paperasse nous disant de retourner sur nos fronts d'avant, de récolter les plaintes des officiers, comme si on devait fermer sa gueule et s'exécuter sans fioritures.

Manque de chance, la Gendarmerie est disciplinée et réfléchie, eux qui nous parlaient d'unité d'élite considèreraient donc les officiers de la Gendarmerie comme des gens qui n'usent pas de leur cervelle ? Allons donc, toujours le rôle du bon con pour nous quand ça les arrange.
Quand il était question de pousser un peu plus profondément les troupes françaises dans les rangs ennemis, ils savaient faire des éloges, vouant notre sens hors du commun de la discipline et de l'ordre et voilà que prétextant que c'est contraire à leur idée on est des francs-tireurs ?

J'aimerais bien les y voir moi, à aller se fracasser la gueule entouré de bonhommes que tu ne connais ni d'Eve ni d'Adam, aller faire verser ton sang pour ceux qui te voient comme un traitre d'envoyer certains de leurs compères en taule. Ils peuvent pas comprendre, ils nous traitent de lâches et faudrait les aider encore ? Faudrait leur pardonner ? Qu'ils crèvent, ils méritent que ça de toute façon.

Au moins, maintenant que nous sommes réunis, j'ai enfin pu voir certains officiers, ça fait 9 mois qu'on correspond mais j'avais jamais vu leur tronche, je vous laisse imaginer un peu.

" On est de la Gendarmerie, vous aussi ?
- Ouais, nous aussi. "

On passe pas pour des cons au milieu des rangs à se rencontrer alors que l'on est connu chacun dans notre coin du front. Puis on vient nous reprocher de combattre et d'êtres actifs sur un front ? Même les officiers qui combattent avec nous et qui appartiennent à d'autres formations reconnaissent que la Gendarmerie fait du bon boulot, alors pourquoi l'autre est en train de jaser auprès de l'Empereur et voulant nous mettre un ultimatum au cul ?

Celui-là, une vraie lopette. Mes bons gendarmes, je vous donnerai pas son nom de peur que vous alliez lui fiche un coup de baïonette dans le derrière mais nous portons peut-être le nom de gendarmes pour plus très longtemps. Au niveau de la hiérarchie ça s'est plaint qu'on faisait plus notre boulot, que la Gendarmerie devait être éparpillée sur le champ de bataille et fermer sa gueule, que le moral des troupes était pas important tant qu'on faisait correctement le travail qui nous était donné.

Puis bien sûr, l'information n'a pas manquée d'être relayée par certaines fines bouches de notre armée ayant toujours eu le don d'en emmerder plus d'un. Quand je dis qu'une bonne femme c'est pas bon à commander des troupes, on va passer pour une armée de pacotille.

Par ailleurs, je tiens à m'excuser de ma façon de parler qui a drôlement changée depuis mon arrivée sur le champ de bataille, ça m'a été remonté par Antoine et Pierre-Marie, surpris de ma vulgarité, mais faut dire que les formulations et termes que j'avais coutumes d'employer auparavant ne servent plus à grand chose à part faire illusion lorsqu'on est dans l'attente de belles paroles.

Quoiqu'il en soit, je reprendrai peut-être plus souvent la plume de ce document, ça fait un bien fou de vous lire et d'y noircir le papier.

Mes bons gendarmes, je vous salue !
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