par vétéran Antoine de Froiss » Mer Oct 24, 2007 1:34 pm
Capitaine Clément de Dare, à la tête de : la 878°, 879° Compagnies de Ligne, 880° Compagnie de Voltigeurs, 7275° Escadron de Cavalerie, 10690° Compagnie d'Artillerie.
Voilà quelques jours que mes hommes et moi-même sommes retournés en arrière du front pour prendre le temps de nous reposer. Cela faisait bien longtemps que nous n'avions pas pris du temps pour nous, que nous n'avions pas goûté au calme et au silence que l'on retrouve dans les lignes arrières. Nous n'étions pas loin du front, non, mais assez tout de même pour nous sentir en sécurité et pour nous laisser aller, un peu.
On a eu le temps de discuter, de manger un bout tous ensemble, de revoir un peu notre façon de combattre pour être plus unis que nous le sommes. Certains sont avec moi depuis que nous avons quitté la Bavière, ces braves supportent depuis tout ce temps mes coups de gueule, mes énervements et les attaques de ces moujiks que rien ne ferait crever à part du plomb bien placé.
Je suis fier aujourd'hui et je m'en rends bel et bien compte. Je suis fier de tous ces gendarmes qui servent l'Empire sans attendre la moindre reconnaissance, je suis fier de ces hommes qui combattent sans rechigner, qui voyant partir à ami à eux vers d'autres cieux gagnent en vigueur et en envie d'envoyer dix russes pour venger leur camarade, je suis fier des officiers avec lesquels je combats. Mais tout n'est pas devenu rose.
Depuis que nous combattons enfin ensemble, créant ainsi une force de frappe supplémentaire sur un front, permettant ainsi d'asseoir un peu plus la détermination française sur les bords de Glarnyroksy, on reçoit de la paperasse nous disant de retourner sur nos fronts d'avant, de récolter les plaintes des officiers, comme si on devait fermer sa gueule et s'exécuter sans fioritures.
Manque de chance, la Gendarmerie est disciplinée et réfléchie, eux qui nous parlaient d'unité d'élite considèreraient donc les officiers de la Gendarmerie comme des gens qui n'usent pas de leur cervelle ? Allons donc, toujours le rôle du bon con pour nous quand ça les arrange.
Quand il était question de pousser un peu plus profondément les troupes françaises dans les rangs ennemis, ils savaient faire des éloges, vouant notre sens hors du commun de la discipline et de l'ordre et voilà que prétextant que c'est contraire à leur idée on est des francs-tireurs ?
J'aimerais bien les y voir moi, à aller se fracasser la gueule entouré de bonhommes que tu ne connais ni d'Eve ni d'Adam, aller faire verser ton sang pour ceux qui te voient comme un traitre d'envoyer certains de leurs compères en taule. Ils peuvent pas comprendre, ils nous traitent de lâches et faudrait les aider encore ? Faudrait leur pardonner ? Qu'ils crèvent, ils méritent que ça de toute façon.
Au moins, maintenant que nous sommes réunis, j'ai enfin pu voir certains officiers, ça fait 9 mois qu'on correspond mais j'avais jamais vu leur tronche, je vous laisse imaginer un peu.
" On est de la Gendarmerie, vous aussi ?
- Ouais, nous aussi. "
On passe pas pour des cons au milieu des rangs à se rencontrer alors que l'on est connu chacun dans notre coin du front. Puis on vient nous reprocher de combattre et d'êtres actifs sur un front ? Même les officiers qui combattent avec nous et qui appartiennent à d'autres formations reconnaissent que la Gendarmerie fait du bon boulot, alors pourquoi l'autre est en train de jaser auprès de l'Empereur et voulant nous mettre un ultimatum au cul ?
Celui-là, une vraie lopette. Mes bons gendarmes, je vous donnerai pas son nom de peur que vous alliez lui fiche un coup de baïonette dans le derrière mais nous portons peut-être le nom de gendarmes pour plus très longtemps. Au niveau de la hiérarchie ça s'est plaint qu'on faisait plus notre boulot, que la Gendarmerie devait être éparpillée sur le champ de bataille et fermer sa gueule, que le moral des troupes était pas important tant qu'on faisait correctement le travail qui nous était donné.
Puis bien sûr, l'information n'a pas manquée d'être relayée par certaines fines bouches de notre armée ayant toujours eu le don d'en emmerder plus d'un. Quand je dis qu'une bonne femme c'est pas bon à commander des troupes, on va passer pour une armée de pacotille.
Par ailleurs, je tiens à m'excuser de ma façon de parler qui a drôlement changée depuis mon arrivée sur le champ de bataille, ça m'a été remonté par Antoine et Pierre-Marie, surpris de ma vulgarité, mais faut dire que les formulations et termes que j'avais coutumes d'employer auparavant ne servent plus à grand chose à part faire illusion lorsqu'on est dans l'attente de belles paroles.
Quoiqu'il en soit, je reprendrai peut-être plus souvent la plume de ce document, ça fait un bien fou de vous lire et d'y noircir le papier.
Mes bons gendarmes, je vous salue !