Pendant ce temps, une berline, attelée de dix chevaux du Don à la robe alezane, se range à la hauteur d'un important hôtel de Lokniza, transformée à la hâte en grand quartier général depuis la veille.
Ne laissant pas le temps à un officier de l'escorte d'en ouvrir la portière, le commandant Badration est le premier à s'en extraire, suivi d'Alexandre Nevski, le nouveau général en chef des armées impériales russes, et du colonel Rouskoff.
Le colonel Nicolaïkov, sur un léger mouvement de la tête équivalant à un salut, les fait rapidement pénétrer dans la plus grande chambre de la demeure avant d'en refermer la porte promptement.
Les cinq hommes, car le commandant Stephanovitch s'y trouvait déjà, échangent quelques politesses, puis, rapidement, se penchent sur la carte dépliée sur la table centrale.
« Les commandants de régiments ont besoin de consignes, grommelle Nevski, leurs troupes partent un peu n'importe où ! »
Il est vrai que, pour le moment, si ce ne sont quelques escadrons de cuirassiers, sous la direction du colonel Divadoff, galopant à brides abattues vers leurs objectifs et une autre poignée de cavaliers plus « légers » ( Hussards, chasseurs à cheval, lanciers, ... ) ayant reçu l'ordre d'éclairer la route de l'armée, le soldat russe a plus l'allure d'un banal automate que d'un véritable officier de Sa Majesté le Tsar.
Toutefois, l'énergie ne manque pas, et, dans un délai des plus courts, le nouvel ordre de bataille des armées impériales russes est ébauché :
Mais déjà crépitent les premiers coups de fusil...Général en chef : colonel Alexandre Nevski
Major général : chef de bataillon V. Stephanovitch
Armée du Nord
( Commandant : colonel Nicolaïkov )
Division Romanov.
Jagers Egersky.
Attaché(s) : Raid de cavalerie lourde ; Kasak Voisko.
Armée du Centre
( Commandant : colonel Rouskoff )
Régiment Baggovout.
Armée du Maréchal.
Armée du Tsar.
Garde Preobrajensky.
Attaché(s) : Raid de cavalerie légère.
Armée du Sud
( Commandant : chef de bataillon P.I. Badration )
2ème Division de la Garde.
Attaché(s) : Génie du Tzar ; Ecole Militaire Russe.
Nord du champ de bataille, même période.
Le colonel Depakin a réagi très vite. En l'absence d'instructions précises, il est parvenu à rallier et organiser une petite demi-douzaine de bataillons, dépêchant immédiatement celui de l'officier Garviel vers la mine Praag et s'attachant à lier quelques communications avec le capitaine adjudant-major Viersky, dont les compagnies patrouillent aux alentours de Mir.
Une première escarmouche le met aux prises avec quelques éléments « égarés » de l'armée française près de Bolga. Aisément défaits, ils sont impitoyablement poursuivis puis anéantis au nord de Borisoff.
Balaklava, le 8 et 9 novembre.
Le général de brigade Dada est le premier à approcher de la ville, et ce qu'il voit ne lui sied guère : y grouillent déjà plusieurs unités de cavalerie françaises. Entraîné par la fouge du colonel Maxos, qui, à la tête de son escadron de cuirassiers, pénètre immédiatement dans l'église, il précipite un meurtrier duel d'estoc et de taille tournant malheureusement en défaveur des cavaliers russes.
Grand quartier général, même période.
On continue à déchiffrer les rapport qui proviennent de reconnaissances, notamment celles des patrouilles de cavalerie légère autour de Balaklava, et à réfléchir aux instructions à donner : Bâtir un fortin à proximité de la forteresse ? Jeter un pont sur la Bérézina à hauteur d'Alma ?
Pratzen a été reprise, Boubka sécurisée, mais Krasnoïé et Tractir sont infestées de cuirassiers français. Le centre, ce carrefour vital dont dépend le déploiement ultérieur des armées impériales russes, risque de tomber entre les mains de l'ennemi, ce qui lui permettrait de se rendre ensuite maître du champ de bataille tout entier.