Le jour venait de poindre à l’horizon. Le Tsar était présent dans cette petite bourgade de Sibiu depuis la veille au soir. Son escorte avait sécurisé les lieux mais la population présente alentour savait désormais qu’il était là. Une foule immense avait pris la route pour assister à la cérémonie qui se préparait.
Alexandre profitait des premières lueurs du jour pour marcher au milieu des bivouacs des quelques bataillons qui avaient pu faire le déplacement. A chaque feu il s’arrêtait et parlait aux officiers présents. Il en connaissait personnellement la plupart tant il avait déjà eu l’occasion de les rencontrer sur les différents champs de bataille. Il lui tardait d’aller mener la guerre sur la terre du Nabot, la Sainte Mère Russie avait assez souffert du feu des armées…
« Maréchal, dit-il lorsqu’il aperçut Dimitrovich, accompagnez-moi. Je sais que vous êtes près de vos hommes et c’est là une grande qualité chez un militaire et je veux que vous me présentiez chaque officier que je ne connaitrais pas. La guerre a éclairci nos rangs de valeureux officiers mais je sais que notre mère Patrie n’est pas avare et nous a donné des officiers prometteurs. C’est eux que je veux voir en particulier.
Savez-vous si ce bon vieux Niko a pu venir avec cet alambic tout neuf dont me parlent mes Services de Renseignement ? »
Il avait ainsi parcouru près de 10km et serré des milliers de mains. Il ne se souvenait pas avoir agi autrefois de la même façon mais il sentait que son armée, que son peuple, en avaient aujourd’hui besoin.
La matinée touchait à sa fin. La cérémonie était prévue pour midi et ça lui laissait donc le temps d’aller mettre sa tenue d’apparat, celle qu’il affectionnait tout particulièrement, celle de colonel des Chevaliers-Gardes. Il ne portait que sa croix de Commandeur de l’Ordre de Saint-Georges.
Il attachait peu d’importance aux médailles mais savait que c’était quelque chose d’important dans le cérémonial militaire. Il s’apprêtait aujourd’hui à décorer des officiers méritants de la première campagne de Bucarest. Les combats avaient été meurtriers mais ils avaient permis de faire prendre conscience à Napoléon qu’il ne conquerrait jamais la Russie. Les français avaient donc reflué vers le Nord-Ouest, vers la Pologne, et c’est donc là-bas qu’ils seraient anéantis et que sonnerait l’heure de la revanche.
Les troupes étaient désormais rassemblées. L’heure était venue.
« Soldats !
C’est un honneur pour moi d’être parmi vous aujourd’hui. Nous allons, ensemble, distinguer nombre de vos camarades. Je sais que chacun de vous pourrait, voudrait, être à leur place aujourd’hui. Votre tour viendra, la Sainte Patrie reconnaitra vos mérites. Donnez-lui toujours le meilleur de vous et votre tour viendra, je vous l’assure.
Colonel Darko, je vous décerne la Médaille de la Bravoure pour votre victoire lors du premier Vodka Challenge autour de la Forteresse.»
...mais personne ne s’avançât.
«Colonel Darko?!
Il a été gravement blessés lors de la défense de Roman mon Tsar et n'a pu se joindre à nous. Il est actuellement hospitalisé à Orastie mais je lui ferai parvenir sa décoration dans les plus brefs délais.» Intervint le Maréchal
«Bien, souhaitons qu'il se remette rapidement de ses blessures et continuons...
Colonel Terrik, je vous décerne la Médaille du Mérite pour le zèle avec lequel vous vous élancez toujours à la tête des braves lors des assauts.»
...mais là encore personne ne s'avançât.
«Le colonel Terrik est actuellement à la tête de son bataillon en train de combattre sur le Front Sud. Vous connaissez l'officier, il ne raterait une escarmouche sous aucun prétexte, dût-il déplaire à son Empereur. Il m'a été impossible de lui faire entendre raison.» dit le Maréchal.
«Bien, j'aviserai. Y a-t-il d'autre officiers qui ont jugé que ma venue n'était pas importante? Puis-je continuer?
Colonel Allexandre, je vous décerne la Médaille du Mérite pour l’ardeur que vous déployez en défense et pour l’ensemble de l’œuvre de notre régiment du Génie.
Major Dimitrovich, je vous décerne la Médaille du Mérite pour l'énergie et la diplomatie que vous déployez en toutes circonstances, ce qui permet d’obtenir toujours le meilleur des hommes placés sous vos responsabilités.
Capitaine adjudant major Krispov, je vous décore de la Médaille de la Nation pour votre investissement quotidien au sein de l’EMR et la pertinence de vos apports stratégiques.
Capitaine adjudant major Grefette, je vous décore de la Médaille de la Nation pour votre participation tactique et la façon avec laquelle vous avez repris le commandement de votre régiment sans que celui-ci ne pâtisse d’un quelconque manque d’efficacité.
Capitaine Antigny, je vous décore de la Médaille de la Nation pour votre investissement en tant qu’instructeur à l’EMR.
Major Elpibe, je vous décore de la Médaille de la Nation pour l’efficacité de votre bataillon et la discrétion de son action. Une place vous est d’ors et déjà offerte au sein de mes Services de Renseignement.
Chef de bataillon Baladine, je vous décore de la Médaille de la Nation pour votre aptitude et les qualités que vous mettez à servir le régiment de l'Armée du Tsar.
Major Youri Kolchine, je vous décore de la Médaille de la Nation pour vos faits d’armes réguliers dans le respect des consignes données.
Pour nos braves : HOURRA, HOURRA, HOURRRRRA !»
Ces cris de ralliement, traditionnels, venaient de clore la cérémonie à proprement parler. Il ne restait plus qu’à fêter les héros…
«Je ne saurai obliger le Colonel Darko à mettre en perce ce jour tous les tonneaux qu’il a gagné lors du vodka challenge qui lui vaut aujourd’hui cette belle récompense mais le lui suggère néanmoins…. Prenons son absence comme un acquiescement et buvons à son rétablissement,» dit-il au Maréchal en souriant , «si nous ne trouvons pas sa réserve nous irons étancher notre soif autour de l’Alambic Sacré.
Buvez soldats, buvez jusqu’à plus soif, buvez aujourd’hui et oubliez. Mais demain rappelez-vous qu’il faut chasser les français de notre Mère Patrie et soyez sans pitié. Suivez l’exemple que vous montrent ces officiers valeureux que nous venons de distinguer et gagner votre place au Panthéon, pour la Sainte Russie ! »
Cette cérémonie lui avait mis du baume au cœur. Il avait peu l’occasion de passer du temps avec ses officiers et savourait chaque instant volé. Il lui fallait désormais retourner aux affaires politiques, diplomatiques.
« Maréchal, merci pour cette belle cérémonie. Je dois quitter ce soir le champ de bataille. L’ennemi est à défaut, des renforts viendront prochainement le prendre de flanc et il sera alors temps de lui faire payer son impétuosité. Je compte sur vous pour maintenir toujours élevé le moral de notre Armée. Vous avez ma confiance. »
(HRP/) Mission réussie pour le camp russe qui, grâce à la venue de 8 officiers à la remise de décoration, remporte 24PV. Félicitations! (/HRP)