par vétéran Astore Cavallini » Mer Sep 05, 2007 1:58 pm
Vitali Viatchesla n'osait croire ce qu'il se disait au campement des Cosaques. On racontait parmi les hommes du rang que des officiers et même des membres de la Rada, se rendaient parfois dans un village où une famille d'aubergistes tenait encore boutique pour servir tant des Russes que des "franskis"! Vers tierce, le Cosaque à dos de cheval se rendit vers ce village qui portait les durs stigmates de récentes batailles.
Plusieurs chaumières avaient été brûlées. D'autres étaient dans un bien piètre état, truffées de balles russes et françaises. Le cimetière s'était considérablement développé, d'ailleurs, une procession funèbre menée par un pope s'y rendait encore. Vitali se découvrit devant le défilé macabre, laissant nu son crâne chauve. Quelques vieilles édentées, une ou deux mères, deux ou trois marmots faméliques... mais aucun homme! Les hommes étaient les premiers à partir, tandis qu'il restait à leurs familles, les affres de la souffrance, de la douleur, la faim et les épidémies. Vitali se dirigea vers la fameuse taverne, et y entra après avoir laissé sa monture à un adolescent qui se disait palefrenier. Le Cosaque avant d'entrer dans la bâtisse de torchis, eut le temps d'apercevoir suspendu sur des supports, des selles françaises frappées aux armes de la "Gendarmerie française" et du "12ème de Cuirassiers".
"Bon sang! se dit-il en poussant la porte. S'ils sont passablement éméchés, ça nous promet une belle bagarre!"
Plusieurs "mangeurs de grenouilles" ricanaient autour d'une table, bombant le torse sous le poids de leurs médailles et autres décorations militaires, lançant parfois des regards torves vers la poignée de Russes, le regard embué de vodka. Vitali avisa la table occupée par les Cosaques, et se dirigea vers eux.
"_ Hola foutre-diable!!! On ne m'a pas menti! Voilà que je vous vois vous acoquinant avec ces culs-blancs bonapartistes! Par les couilles du Grand Cornu! Vous êtes la honte des Cosaques... mais si la vodka y est bonne, faites-moi donc une place... Ha Ha Ha...
_ Je te reconnais bien là, fit Dimitry... dès qu'il est question de vodka, tes principes volent en éclat.
_ Navré, fit Berner dans ce fort accent germain qui le distinguait de tous. A cette heure tu devrais te contenter d'un thé noir. Mais je doute que cet humble établissement puisse assouvir ta passion pour cette boisson chaude automane."
Spendz et Habramovitch firent une place à Vitali, sur le banc où ils étaient affalés. Le premier appela la serveuse, une opulente matrone, tandis que le second pris un gobelet, cracha dedans et l'essuya d'un geste rapide à l'aide de sa manche retroussée autour de sa main.
"_ Prend place, tovaritch! dit Spendz. Et goutte-moi cette vodka qu'Olga va nous apporter.
_ Avec plaisir, répondit Vitali. Mais à la condition que la liqueur ne soit pas issue du tonneau réservé aux "grenouilles"!
...
_ Vous savez bien... poursuivit-il plus fort, de sorte que les Français puissent l'entendre, ce tonneau de vodka coupé à la pisse de porc que l'on réserve à nos "visiteurs"!!!
_ Doucement Vitali, objecta Habramovitch amusé. Nous sommes là pour nous détendre, pas pour nous écharper.
_ Mais c'est bien mon intention, Habra, répondit Vitali en le respirant. Mais dis-moi cette odeur de fange... c'est toi qui n'a pas pris ton bain du mois, ou alors est-ce comme je le crois, la senteur putride et infecte de la merdasse française qui souille ce lieu!!!"
Les officiers français, peu habitués qu'on parle d'eux de la sorte commencèrent à s'agiter. Certains portèrent la main au pommeau de leur épée, d'autres jetaient des regards foudroyants en serrant leurs poings, tandis que leur capitaine leur demandait de se tenir calme. C'est ce moment que la serveuse choisit, pour venir apporter la cruche de vodka commandée par Spendz. Le sang de Vitali ne fit qu'un tour en apercevant la poitrine gironde de la paysanne, et sa croupe généreuse. Il plaqua sa main sur son postérieur en poussant un râle de satisfaction et lui dit...
"_ Rhaaaaa... Tu es femme à satisfaire plusieurs hommes à la fois, toi. Heureux soit l'époux qui possède tes courbes, et malheureuses soit les épouses des clients de ton mari! Ha Ha Ha Ha..."[/b]
Bataillon du "Génie Royal Italien"
Per la rosa spesso la spina si coglie (On n'obtient pas le respect, si l'on n'en témoigne).