Après s'être porté un peu trop vaillamment à la suite des russes du colonel Dojief, les sotniks du Chef de Guerre Bogdan, bras droit de Pokotylo, s'étaient vu coincés dans un quartier mal famé de Studienka.
Des échanges de feux nourris avaient enfumé les rues de la ville.
Mais les hommes de Bogdan se rendirent vite compte que les franskys, tels les rues de Paris avant la construction des égouts, s'accumulaient commes autant de tas de ... à chaque coin de rue, emêchant tout cosaque d'aller prendre l'air de la campagne et de la steppe.
C'est à ce moment qu'un bonnet à poil, couvert par la protection d'un drapeau blanc s'avança bravement vers la seule auberge (ou alors était-ce un bordel?) du quartier tenu par les cosaques. Il était porteur de la missive libellée comme suit:
Adjudant, vous êtes cerné par l'élite de la Grande Armée. Toute résistance est inutile. Même barricadé dans votre immeuble vous ne tiendrez pas longtemps sans bortch ni vodka. Livrez vous et vous serrez bien traité, nous n'avons pas coutume d'humilier les officiers ennemis que nous n’étripons pas.
Vous avez 48h pour vous décider.
Jean d'Hervilly
Colonel Général de la Garde Impériale.
Mais ce que ne savait pas le Colonel de la Garde Impériale, c'est que l'officier cosaque n'avait aucune notion de lecture en russe, et encore moins en français.
Recevant le morceau de papier, il vérifia que ce n'était pas un billet de banque et rassuré l'approcha de la flamme d'une bougie pour utiliser ensuite le papier enflammer et relancer le rougeoiement de sa longue pipe en bois.
Quelques heures plus tard, il relança ses hommes à l'assaut des quartiers tenus pas les franskys, histoire d'éviter que ces hommes ne déprime dans l'inaction.
L'échange fut malheureusement infructueux.
Ils étaient occupés à soigner leurs blessés quand un dénommé Lambert de Morel interpella Bogdan dans en criant dans une rue couverte de sang frais:
" ça va sinon Bogdan, tu n'as besoin de rien?"
Bien que n'ayant pas gardé les chèvres ensemble, Bogdan reconnu dans cette question une certaine forme de civilité. Il cru bon d'imiter le fransky dans sa façon de s'exprimer de fenêtre en fenêtre et lui répondit en ces termes:
"
Deux ou trois nonnes, si vous en trouvez encore dans les caves de l'église, plus quelques bourgoises du faubourg nord, pour tenir chaud.
Et évidemment, toute la vodkà que vous pourrez trouver.
Sinon, ça va, la vue de vos bonnets à poils alimente assez bien ma fureur et réussit à me tenir en vie."
Après quelques minutes de silence, un sotnik interpella Bogdan:
"Et qu'est ce qu'on fait maintenant? "
Bogdan répondit: "
On attend les femmes et l'alcool."